Entrée en Russie !

1er mai.

La nuit a été pluvieuse et même hier soir, ce sont des grelons qui sont tombés. J’ai donc obtenu de l’hôtel de rentrer le vélo dans un garage. La nuit n’a pas été terrible. L’épreuve attendue de ce jour avec le passage de la frontière russe m’a fait m’éveiller tôt.

Je prends le petit déjeuner pancake tel que commandé. Puis un peu après 8h30, je suis en route. Comme je n’ai pas allongé la foulée hier, c’est 125 km qui m’attendent pour un essai de passage de frontière aujourd’hui. Le ciel se dégage assez vite et je trouve donc une bonne recharge solaire. Par contre, le vent qui avait diminué hier est de nouveau bien présent. D’ouest, voire un peu nord-ouest, alors que moi je file plein nord. Je suis sur une grande route, peu fréquentée, où il y a très peu d’habitants. Il faudra attendre le tiers du trajet, au kilomètre 42, pour croiser un village. La progression est bonne, avec une bonne gestion de la charge des batteries, le soleil aidant. Je m’arrête à Rezekne pour faire une pause, notamment pour me réchauffer. En effet, j’atteins pendant midi la température maximale de 8 degrés. Cela me pousse à acheter un petit thermomètre, qui est un nouvel équipement sur le vélo, tout léger va sans dire.

Rezekne est le point le plus nord de mon voyage, là, clignotant à droite, et on part plein est. La route est magnifique, l’ensoleillement est bon, il n’y a pratiquement pas de trafic. Je peux donc filer à bonne allure, et faire monter ma moyenne à quasiment 22.

Il est 15h50 lorsque je me pointe au poste frontière de Terehova, côté Lettonie. Pour y arriver, j’ai dépassé la file d’une cinquantaine de camions qui sont en attente du passage. Douche froide à la guérite, l’agent du poste frontière m’indique qu’il est impossible de passer à vélo ou à pied. Il faut que j’aille à une autre frontière, bien plus loin, où que je mette mon vélo dans un camion ou une camionnette. Je commence donc à questionner tous les camionneurs, qui me disent tous qu’ils ne peuvent pas me prendre, parce qu’il y a déjà deux chauffeurs, ou parce que l’espace de stockage est plombé. Et pas de camionnette en vue. Un parking de délestage, où il y a un bar et un petit hôtel, se trouve à droite. Je m’y rends, je pose quelques questions, mais pas de solution pour moi. Je laisse le vélo là, en sécurité, et je reviens à la barrière douanière.

Et là, j’avise deux Chinois. Je les aborde. Ils voient tout de suite sur mon maillot que je vais à Shanghai. Ils s’intéressent à moi, mais me disent « Nous, on vient de passer la frontière et on va vers la Lettonie, on ne va pas dans l’autre sens ». Au moment où je leur dis que je cherche une camionnette, en voilà une qui arrive dans mon dos, ils me la montrent. Je me précipite vers le chauffeur et je lui explique la situation. Tout ça avec le traducteur, bien sûr. Le chauffeur n’est pas chaud, mais son acolyte à côté le convainc de pouvoir m’emmener. Une camionnette, 7 places, avec un fourgon, occupée par 6 Moldaves. Un fourgon qui s’ouvre et je vois qu’il n’y a que des bagages. Je leur dis d’attendre, que je vais chercher mon vélo. Je cours jusqu’à l’endroit où il se trouve. Je me mets en route, je me rends compte que j’ai laissé mon casque dans le bar. Je fais demi-tour, je cours chercher mon casque. Et puis j’arrive derrière la camionnette. A la vue de la taille du vélo, ils tirent évidemment de grands yeux. N’empêche, on empile les bagages. Le vélo rentre, la remorque est démontée et tout prend place dans la camionnette. On passe la guérite, il est 17h38 et je peux annuler mon hôtel en Lettonie. Vient ensuite le poste de contrôle lui-même, après 18h. Où il y a évidemment le contrôle des passeports. On avance ensuite de 200 mètres. Le poste frontière est derrière nous, on est en zone neutre, il est 18h30. On peut décharger le vélo, remonter la remorque. Je donne quelques explications, je montre le reportage de la télévision russe. Je questionne pour voir comment faire le change et j’achète des roubles à un de mes nouveaux copains Moldave.

J’avance ensuite vers la guérite de la frontière russe. Ils me demandent de remplir les papiers d’immigration. Et puis je me fais copain avec le douanier en lui montrant le reportage de la télévision russe. Je suis ensuite autorisé à avancer pour le contrôle de passeport, etc. Il est plus de 19h. Un jeune douanier, anglophone, me reçoit. Je pense être libéré. Mais il m’annonce que j’ai droit à un contrôle spécial et que je dois rentrer dans le bâtiment. Il est à ce moment sans doute 19h30. Et deux heures plus tard, je n’ai toujours pas de nouvelles. Finalement, j’entre pour un entretien à 22h, dont je ressort 20 minutes plus tard, dont la conclusion est « That’s cool’, avec une demande de selfie…

Mais ce n’est pas fini, il faut attendre que les garde-frontières me rappellent et me rendent mon passeport… avant de m’envoyer à la douane. Ayant pitié de moi, à 22h45, ils m’envoient avec mes sacoches au scanner en intérieur… C’est enfin fini, il aura fallu 7 heures au total: il est 23h.

Je démarre à vélo dans la nuit noire pour rejoindre mon hôtel à 1km…
Quelle journée !

Photos sur Bike2Shanghai by Claude BROUIR | Polarsteps


Commentaires

4 réponses à “Entrée en Russie !”

  1. Avatar de Francoise
    Francoise

    Bravo, tu as fait le plus dur.

  2. Avatar de Eloy Rose-Marie
    Eloy Rose-Marie

    Mon dieu mais il est fou oh oui mais une folie calculée , courage continue , c est pour une bonne cause . Je t envois pleins de bonnes ondes . Bisous de ta vielle tante , mon papa serait très fièr de toi .

  3. Avatar de Philippe
    Philippe

    Quelle aventure ! Bravo pour ta persévérance ! Qué gaillard 💪👏

  4. Avatar de Freek

    Well done Claude, you are racing through Russia.
    It would be great to see you when you are in the center of Moscow, where I live as a Dutchman. You probably cannot send a message. I will try to follow you by Polarsteps, but in most of Moscow GPS doesn’t work so it will be hard to track you precisely. Plan your route through the city offline very well by the way.