Journée dantesque

13 mai

Jusque-là, chaque fois que j’ai dit que demain je ne couperais pas à la pluie, elle m’a épargné. Cette fois, j’ai oublié de le dire et elle est bien là.

Pour le deuxième matin consécutif, Garmin m’accorde un badge du sommeil. Pourtant, j’ai l’impression que celle-ci a été entrecoupée, un moustique ayant perturbé ma nuit.

Il pleuvine lorsque je me lance sur la M7, mais précédemment, il a plu assez fort et dès lors, les camions soulèvent un mélange d’eau et de poussière auquel je ne peux échapper que lorsque j’ai un dégagement aussi large qu’une bande de roulement. Mais petit à petit, ça s’assèche. Néanmoins, j’ai consulté Ventusky, mon application radar, qui m’indique que ce répit sera de courte durée. Aux alentours de 13 heures, ça devrait être le déluge. L’étape est longue aujourd’hui, 125 km. J’ai décidé de la diviser en quatre autour de 30-31 km et je trouve une station-service pile au 31e. Je rentre, il fait sec. J’en sors, il a commencé à pleuvoir. Quelques kilomètres plus loin, c’est le déluge. Je m’arrête en face d’une très belle église et je parviens à mettre vélo et remorque dans un énorme abribus. Je reconsulte Ventusky, qui ne me donne aucun espoir d’amélioration. Il faut donc continuer. Je poursuis ma route et malgré la pluie et malgré que le dégagement n’est pas toujours le plus large, je ne suis pas trop éclaboussé et je me sens en sécurité.

On croise une voie de chemin de fer et le passage est tellement mauvais que tous les véhicules le passent au pas. Perso, je m’arrête 200 mètres plus loin pour soulager un besoin devenu fréquent depuis les travaux de plomberie de l’hôpital Saint-Luc. Et avant de remonter sur le vélo, je regarde en arrière ce passage chaotique de la voie de chemin de fer. Une camionnette pense que je suis en difficulté et voilà qu’elle s’arrête. J’indique qu’un transfert jusqu’à Nizhny Novgorod en camionnette ne me déplairait pas. Le conducteur me dit d’abord qu’il est complet, que ce n’est pas possible de charger mon vélo. Il rentre dans son camion, puis il en ressort pour me dire qu’il peut me prendre jusqu’à l’entrée de la ville mais qu’il ne saura pas aller me conduire en ville. Je dis que ça me convient. Et juste avant d’ouvrir le fourgon, il me dit c’est un camion frigorifique maintenu à moins 18 degrés. Est-ce que la mécanique va supporter ça ? Dans le doute, je m’abstiens. Je le remercie et lui dis que ce n’est pas possible. Entre temps, la pluie s’est un peu calmée. Je me remets donc en route et un peu avant le 60ème kilomètre, je trouve une nouvelle station service où je peux prendre le repas. Il a de nouveau plu jusque là et voilà que pendant que je mange, le ciel s’est ouvert et il y a un peu de clarté qui est arrivée. Je ne traîne pas et je me remets donc en route, mais il pleut à nouveau. Je ne suis pas à la moitié de ma journée et les batteries sont déjà à moitié. Je commence donc à rouler à l’économie et à pousser plus fort sur les jambes. Et je vois au loin qu’il fait plus clair et qu’il faut donc que je passe devant ce foutu nuage noir. Malheureusement, le vent vient du sud-est et me handicape. Aux trois quarts du trajet, les batteries sont franchement basses. Il continue à pleuvoir. Puis tout d’un coup, quand même, cela s’arrête. Lors d’une nouvelle pause pipi, je constate l’état de la remorque qui est ensablée comme ce n’est pas possible. Je nettoie donc le panneau solaire pour essayer de capter les quelques watts qu’il est possible de prendre. Jusque là, c’était moins de 50 watts. Maintenant, on est entre 50 et 100. Nouvelle pause aux trois quarts. Cette fois-ci, il fait sec.

Très vite on est dans les faubourgs de la ville et on quitte la M7. Il reste une vingtaine de kilomètres, cette ville doit être immense. J’ai le confort d’une bande de trolleybus ou de bus à ma disposition sauf que les pluies de la journée ont laissé d’énormes flaques qui débordent parfois sur la deuxième bande.Je dois donc m’écarter pour les contourner. Les manifestations enthousiastes des russes sont très nombreuses à ce moment.

Au moment où je m’approche du centre, la pluie recommence, assez violente cette fois.Je longe la rivière Oka et je la traverse sur un pont pas très loin du confluent avec la Volga. Il pleut toujours. Je me rends compte que le centre-ville où j’ai réservé un hostel, une auberge de jeunesse, se trouve au sommet sur la butte en face de moi. Il ne me reste quasi rien comme énergie dans les batteries. Je me demande si je vais y arriver. Je me rends compte qu’en fait l’itinéraire part plutôt vers la gauche le long de la Volga, en restant en bas. Je suis soulagé. Komoot veut me faire prendre un sens unique qui n’est pas du tout prévu pour les vélos. Je monte donc sur le trottoir qui heureusement est très large. Il reste à tourner à droite et dans deux kilomètres je serai à destination. Sauf que tourner à droite, c’est monter. Pas la montée en pente moyenne vue précédemment, une montée extrêmement sèche sur 500 mètres. Je n’ai pas le choix. J’envoie 300 watts dans le moteur roue et j’enclenche le moteur pédalier censé m’aider en montée. Je dois monter jusqu’à 500 watts d’assistance pour monter. Je crains qu’à un moment donné tout s’arrête et que je doive pousser. Mais heureusement si mon icône représentant la batterie indique qu’elle est vide, en réalité il y a encore un peu d’énergie et je parviens à ma destination. Il pleut toujours.

Ce jour, j’ai passé la barre des 2 000 kilomètres roulés

Je m’installe, je lance la charge du vélo sur le secteur qui va durer très longtemps pour un complet remplissage. Je prends ma douche, je me change avant qu’un membre du Rotary local vienne me chercher pour le repas qu’ils m’ont prévu dans un restaurant arménien. C’est là donc avec Gaïa, son beau-fils Dima (Dimitri) et un autre membre, Nikolae, que je passe une excellente soirée avant de rentrer goûter un repos bien mérité aujourd’hui.

Avec ça je n’ai rien vu de la ville et il est question que je reste un jour de plus avec un petit transfert fin de semaine.

Il y a de l’improvisation dans l’air.

Photos sur Polarsteps


Commentaires

Une réponse à “Journée dantesque”

  1. Avatar de Philippe
    Philippe

    Hé bien ! Quelle journée ! Tu auras bien mérité une bonne nuit de repos

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