15 mai
J’ai passé une très bonne nuit, très longue, je m’éveille à 7h30. Toilette, bagages, et puis je me rends au petit déjeuner, après avoir débarrassé le vélo de sa tunique. Pendant que je me restaure, je prends contact avec un de mes anges gardiens, Anton de Vélorusia, pour lui indiquer que contrairement à ce qui était prévu initialement, je suis sur la M7. Il me confirme que ce n’est pas une bonne idée, et qu’il vaut mieux passer de l’autre côté de la Volga. Il m’indique que je dois faire 40 km sur la M7 ou mieux du truck stop, et modifier mon itinéraire. Nous le validons ensemble, cela fera 2 fois 115 km, pour arriver à la ville où je suis attendu vendredi après-midi. Je m’installe donc en bord de nationale, à un endroit où il y a un passage pour piétons et un arrêt de bus, et où le trafic ralentit. Il est 8h30, j’ai préparé mon panneau avec l’indication de la ville où je veux me rendre. Bien sûr, ni les voitures, ni les gros 30 tonnes dont le fourgon est scellé, ne m’intéressent. Seules les camionnettes sont intéressantes pour moi. Malheureusement, il y en a peu, et toutes celles à qui je montre mon panneau, soit m’indiquent qu’elles tournent de suite après, soit ne me regardent même pas. Une averse passe, puis une deuxième, puis le temps se remet au beau. Néanmoins, les minutes passent, et le résultat ne se fait pas positif. Dès lors, à 11h, je décide que je vais prendre la nationale 7, pour les 42 km, avant de bifurquer et rejoindre le ferry. Au début, il n’y a pas de dégagement, mais les camions ralentissent et attendent une trouée pour pouvoir dépasser. Et puis j’ai un gros répit du kilomètre 7 au kilomètre 20, où il y a deux fois deux bandes et un très gros dégagement. Puis on revient à la situation précédente. Il y a pas mal de dénivelé, des descentes et des montées à 8%, 9%, et même une montée à 12%. Heureusement, pas très longue. L’ensoleillement est bon, et je peux recharger sur le frein dans les descentes. Dès lors, ma batterie ne diminue pratiquement pas. Il ne me faut pas plus de deux heures pour faire les 42 km, et je m’arrête dans une station-service juste avant de quitter la M7. Il est aux alentours de 13h, je me restaure, puis je me rends au terminal du ferry. Comme indiqué par Anton, il est attendu pour 15h15, puisque le précédent, à 12h15, je l’ai raté, à cause de cet autostop qui n’a pas fonctionné. On embarque surtout des piétons, ainsi que trois voitures, pour une traversée sur la Volga, qui doit durer 40 minutes. Le soleil brille, et donc les batteries seront chargées à bloc pour sortir du ferry. J’espère pouvoir encore faire 80 km, jusqu’à un second ferry, que je ne saurais pas prendre aujourd’hui. Il faudra donc que je trouve un logement juste avant cette deuxième traversée. Il est 16h, lorsque je descends du ferry, et j’espère que ce détour en vaut la peine, parce que 2h30 de perdu sur le bord de la route, plus 1h30 d’attente pour le ferry, m’amène à démarrer pour 80 nouveaux kilomètres, alors qu’il est tard. Mais le jeu en vaut la chandelle, la route est magnifique, large, la surface est parfaite, il passe une voiture toutes les 10 minutes, et je suis au milieu des bois. Je respire bien, et il n’y a aucun bruit parasite. Je pars d’abord plein nord, et avant de tourner vers l’est, je me rends compte qu’arrive de l’ouest un gros nuage noir, et je vois de la pluie au loin. J’appuie donc sur le champignon, et je reste en avant de ce nuage noir pendant très longtemps.
Depuis hier, j’ai quelques problèmes avec le frein droit, qui fait du bruit, et là, il en fait de plus en plus. Je tente l’un ou l’autre réglage, sans que ça change quoi que ce soit, mais à un moment donné, j’entends un bruit sec, et quelque chose qui passe sous le vélo. Je viens de perdre une plaquette de frein. Dès lors, par sécurité, je m’arrête, et j’enlève complètement l’étrier de frein, que j’attache solidement à un montant, en récupérant toutes les pièces. Il n’y a pas vraiment de dénivelé où je suis, donc je peux achever l’étape sur un frein. Cette étape se passe à une allure élevée, en zone forestière, et à un moment donné, je vois traverser la route, au loin, un animal que j’identifie comme un ourson. Est-ce que j’ai la berlue ?
Il est 19h15 lorsque je me présente au terminal du ferry, et justement, il est là. Il vient de débarquer des voitures, et il s’en va. Je crie, je fais signe, mais le préposé me signale que c’est terminé. En fait, le dernier ferry dans ce sens-là était à 18h, celui qui arrive à 19h15 ici, était le dernier venant de l’autre rive à 19h.
Me voilà donc bloqué jusqu’à demain, il me faut trouver un logement. Je quitte l’embarcadère, et je prends la première rue où je vois des maisons, et j’en vois une que je trouverais fort accueillante pour moi. Avant d’aller sonner à la porte, j’avise des personnes en train de se promener, une maman avec un enfant dans sa poussette, et visiblement avec elle, son papa. Je les arrête et je leur expose mon problème. Directement, ils prennent leur téléphone, et appellent chacun une personne qui parle anglais. Je passe d’un téléphone à l’autre pour expliquer la situation. La maman s’en va parce que le soir tombe et il faut coucher le bébé, mais son papa reste avec moi. Nouvel appel, et puis débarque une voiture avec trois personnes, dont la passagère qui parle anglais. Elle m’indique qu’ils vont m’emmener à dix kilomètres de là, dans les bois, à un endroit où je pourrai trouver un logement. Je leur dis qu’après la journée que j’ai vécue, je ne vais pas refaire dix kilomètres, mais que je vais plutôt m’adresser à des habitants ici. À ce moment-là, passe un scooter avec une dame, que la passagère connaît, et qui se rend au grand bâtiment qui se trouve derrière moi, qui se trouve être pour moitié un hôpital, pour moitié un centre de soins infirmiers. C’est la veilleuse de nuit. Elle l’appelle, lui explique la situation. La veilleuse va voir l’infirmière-chef, et toutes deux décident que l’on va me donner une chambre dans cet hôpital. Je fais quelques photos avec mes bienfaiteurs, qui s’en vont, et je pénètre donc dans l’hôpital, dans la salle du personnel, où on me donne à manger, du thé, pendant que les deux dames disparaissent. La veilleuse de nuit revient quelques minutes plus tard. Elle est de très mauvaise humeur. Elle m’apprend que le médecin-chef a refusé que je puisse occuper une chambre dans ce bâtiment. Je m’inquiète à ce moment. Il fait noir. Je n’ai pas de solution. Va-t-il falloir monter la tente dans le noir ? De suite, elle ajoute « je suis une femme et je suis russe ». Je ne comprends pas la suite. Mais elle m’emmène 200 mètres plus loin, vers une maison, d’où sort une autre dame. C’est Ohla, à qui elle a téléphoné et qui a accepté de m’héberger. Dès lors, elle ouvre le portail, on rentre le vélo, on fait connaissance. La veilleuse de nuit retourne à son travail et me confie à mon hôte de ce soir. Je découvre donc une maison toute simple, avec une installation électrique à faire mourir d’une crise cardiaque un agent de chez Vinçotte, et un WC qui est une cabane au fond du jardin.
Elle me prépare un souper, me montre ma chambre… Il est 22h et je peux m’écrouler après cette longue journée d’aventure…
Photos sur Polarsteps
Laisser un commentaire