4 juin
Hier soir, je me suis forcé à manger un de mes plats de secours, et je m’endors à 21h30. Je suis éveillé à 5h30, mais je parviens à me rendormir jusqu’à 7h30. De manière surprenante, au lever, je ne me sens pas mal du tout. Je n’ai pas mal aux jambes, et je me sens plutôt en forme. Je commence néanmoins par une douche chaude des jambes, et puis une couche de Voltaren. Puis, c’est le rituel habituel, rangement dans les sacoches, puis l’installation des sacoches sur le vélo. La réceptionniste du jour a l’air de mauvais poil, parce que pour passer le câble électrique permettant de recharger le vélo, une fenêtre est restée ouverte, et le câble passait par un trou dans le moustiquaire. Les moustiques en ont profité pour rentrer, et elle a calfutré avec une feuille de papier.
Je me mets en route, il y a pas mal de nuages, et je fais tout de suite un arrêt dans une station service pour prendre mon petit-déjeuner, et pour refaire le stock d’eau (je n’ai pas eu confiance dans l’eau de l’hôtel) et de provisions. Je passe ensuite la zone de travaux, à la sortie du village, et je retrouve le rond-point d’hier. À droite toute, et là, c’est parfait. Il n’y a pas de vent. Les insectes n’arriveront qu’au kilomètre 25. Les nuages laissent quand même passer une bonne charge solaire, et il n’y a pas de camion. Je verrai le premier au kilomètre 17, et qui dit absence de camion, dit absence de trous dans la route, elle est parfaite. Je peux avancer ainsi à un bon rythme. Arrêt dans un abribus au kilomètre 34, censé être le quart de la journée maximale prévue aujourd’hui. C’est toujours cette grande plaine de Sibérie, avec tout plat à gauche, tout plat devant, tout plat à droite. Un russe m’arrête de nouveau, demande des explications, et fait une photo.
Il y a des orages annoncés, et au kilomètre 60, je vois clairement qu’il y en a un sur ma droite, qui va être poussé par le vent sur ma route. Je décide donc de mettre le turbo, pour passer devant, et rejoindre le ciel bleu qui est devant moi. Un peu plus loin, un abribus, et ici il n’y en a plus que tous les 5 ou 10 kilomètres, au moment où je suis touché par quelques gouttes de pluie. Surprise, dans l’abribus, il y a un cyclo voyageur, avec un vélo musculaire, qui a décidé de se mettre à l’abri là, pour attendre que l’orage passe. Je réfléchis, une, deux, je décide de continuer, et de tenter de passer en avant du front. J’avise qu’il y aura une station service dans 15 kilomètres, c’est là que je ferai un deuxième arrêt au kilomètre 75, et j’espère y arriver au sec.
Contre toute attente, ce qui se profile, c’est la frontière russe. Je la vois, un kilomètre devant moi. Au moment où tout à coup, le ciel devient tout noir, et que le vent se lève de manière assez violente. Je suis vraiment poussé vers la gauche, lorsque ni des arbres, ni les bosquets ne me protègent. Je fais ce dernier kilomètre le plus rapidement possible, et je me mets à l’abri de la file de camions que je dépasse fissa. Je gare le vélo contre l’immeuble où il faut présenter son passeport, de manière à l’abriter tant que possible. Pendant que je suis dans la file, la pluie démarre et se déchaîne. Il tombe des trombes d’eau. L’orage est si violent que l’éclairage et l’électricité du poste de douane se coupent par intermittence. Mon passeport dûment tamponné pour ma sortie, je rejoins mon vélo. Mon coussin est tout mouillé. Je vais ensuite au contrôle douane, qui inspecte toutes mes sacoches. Il me demande d’avancer mon vélo, que je mets plus ou moins à l’abri. Il me demande d’entrer patienter dans le bâtiment. Le spectre des sept heures passées à l’entrée à la frontière avec la Lettonie me fait craindre le pire. Mais cinq minutes plus tard, on m’indique que tout est en ordre et que je peux partir. La pluie s’est calmée, je fais donc le kilomètre qui me sépare de la frontière kazakh. Je suis reçu par des douaniers réjouis. Et en deux temps trois mouvements, mon passeport est contrôlé, mes sacoches survolées, et je peux entrer dans le pays. La pluie s’est calmée et le vent est tombé. Mais c’est de la boue partout. Je demande où il y a un café. J’y entre. Je prends un latté et un repas. Pour me rendre compte que, après une nouvelle carte sim qui fonctionne, nous voici avec une nouvelle langue, une nouvelle monnaie. Il faut désormais diviser les « bats » par 580 et plus par 90. Et surtout, ma carte de banque fonctionne à nouveau, le Kazakhstan n’étant pas exclu de la zone swift. Il peut toujours, je sors chercher la sacoche dans laquelle il y a mon grand équipement de pluie Je l’enfile. Et au moment où je sors, c’est grand soleil. Les orages sont annoncés jusqu’à 18h. Je décide de ne pas me changer et de m’engager sur la route comme cela. Cela devra me protéger puisque hier, l’hôtelier m’a annoncé qu’après la frontière, il y avait 5 km de mauvaise route. Pendant que j’étais à la file pour les passeports, côté russe, on m’a annoncé plutôt 15 km de mauvaise route. En fait, ce n’est pas une route. C’est une piste de brousse faite de terre et de cailloux. La route a été arrachée, on a empierré et on attend l’asphaltage. Il a plu, il y a des flaques partout. En réalité, le tronçon fera 9,8 km et je mettrai 1h10 pour le passer. A la sortie, je fais un état du vélo. Je me rends compte que la charge solaire est bien faible: le panneau de la remorque est maculé de boue et la remorque tout entière est dans un état épouvantable. On est au kilomètre 85. Il en reste 50. Mais ces 50 se passent sur une route parfaite, sous un soleil retrouvé, avec un trafic qui s’intensifiera aux approches de la ville. Mais qui reste tout à fait raisonnable. Je croise la plaque d’un premier village qui ferait un nombre de points incroyables au scrabble. Et je suis arrêté par plusieurs Kazakhs pour des explications, des photos, des selfies comme d’habitude. La ville que je rejoins se trouve devant moi. Je n’ai pas réservé de logement. Je le fais à l’entrée de la ville, en choisissant un logement proche de la route de départ vers Omsk. C’est une espèce d’Airbnb au quatrième étage sans ascenseur, un appartement complet. Problème, il faut une recharge pour le vélo. Ma propriétaire trouve une solution au rez. Mais voilà que quand les ouvriers quittent ce qui est un appartement en chantier, la prise est enlevée. Il faut trouver une autre solution. On s’en va un peu plus loin, la dame accepte. Mais sans adaptateur, la prise ne fonctionne pas. La troisième personne interpellée sera la bonne. Le monsieur qui nous regarde depuis le début donne la solution. On fait des photos, on sympathise. Je monte chercher de quoi nettoyer la remorque. Puis le monsieur vient me parler et me propose de venir prendre le thé qui sera prêt dans un quart d’heure. Je monte vite prendre ma douche. Puis je le rejoins. Et en fait, le thé, c’est le thé et le souper qui me sont offerts. Avant un nouveau concert privé d’un instrument kazakh à deux cordes, la dombra, joué par une de ses petites-filles. Avant qu’on me montre un concert de Dimash Qudaibergen célèbre chanteur kazakh, qui est une sorte de Daniel Balavoine local.
Il est 21h30 lorsque je rentre enfin à mon appartement, après une journée qui a encore été pleine de surprises, mais surtout positives aujourd’hui.
Omsk en quatre jours, jusque là, ça tient.
Photos sur Polarsteps
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