Carpe diem pour la fête des pères

8 juin.

Hier soir, Eldar, le vélociste que je n’ai pas rencontré, m’a envoyé un message pour me dire qu’il prenait le vol de retour de Suisse et qu’il serait là ce dimanche matin. Il me propose de rester un jour de plus à Omsk. Je lui indique que vu mon timing, si j’ai un jour de plus à Omsk et donc un jour sans rouler, j’ai besoin d’un transfert jusque Cherlak. Il m’indique qu’il a une grande voiture et qu’il peut m’emmener. Je lui réponds que mon vélo ne rentre pas dans une voiture, mais uniquement dans une camionnette. Mais ce message-là ne reçoit pas de réponse, il est dans l’avion. Je lui indique que s’il me répond avant 8h30, alors je peux encore changer mes plans. Je passe une bonne nuit et effectivement, au lever, j’ai un message de sa part à son escale de Baku où il me dit qu’il a une remorque. Et ensuite, à 6h30, il m’envoie un message pour me dire qu’il va dormir quelques heures,qu’on se contacte ensuite. Au lever, j’avise Alexei du changement de programme et du fait que je vais donc rester une journée de plus à Omsk. Entre-temps, Stéphane Maillard, le Français qui m’avait filé les contacts, m’a envoyé un message pour me dire qu’un dicton indiquait que l’on ne sort pas de cette ville sans être accompagné. Ce dicton va donc se réaliser. Je dispose donc d’une vraie matinée de repos pendant laquelle nous conversons beaucoup avec Alexei. C’est vraiment intéressant d’avoir des échanges avec lui. Fin de matinée, Eldar est réveillé et il me propose de venir le rejoindre à l’endroit où est stockée sa remorque. On convient que ce sera à 13h30. Après avoir bu un dernier thé, c’est le moment de séparation avec Alexei et Ivan pendant qu’Alla se trouve en ville. Il est 13h45 lorsque j’arrive au rendez-vous et pile deux minutes après, voilà qu’arrive Eldar. Surprise, il est avec un autre Belge, un Malinois, du nom de Shkoda. On n’est pas au siège de son magasin de vélos, mais au siège d’une autre entreprise, celle de location de skis pour la saison d’hiver, mais où on fait aussi du design pour des lignes d’équipement de sport. Je comprends donc que Eldar est un entrepreneur qui s’est totalement diversifié, qui fait plein de choses à la fois, également dans le sport, puisqu’il s’occupe de triathlon et de biathlon. Nous sommes dans le quartier de l’université d’agriculture. On a à peine fait connaissance qu’arrive un couple dont le mari est un ancien professeur de cette université. On fait la conversation autour du vélo.

Je me décompose à l’ouverture de la remorque. Celle-ci est pleine à craquer, mais Eldar explique qu’il ne fallait qu’une occasion pour la vider complètement et m’invite à le suivre jusqu’au garage. Comme à côté de chez Alexey, on se trouve dans des blocs de garage en béton, avec des portes métalliques, et certains sont occupés presque comme des maisons de vacances. C’est le cas des voisins d’en face d’Eldar. Nouvelles explications, nouvelles grandes discussions, et ces personnes me mettent en contact avec leur fils, au Pays-Bas, ou il est professeur d’université. On entreprend ensuite de vider la remorque. Les voisins s’y mettent aussi, l’opération est rondement menée. On vide aussi la voiture, un énorme break, dans lequel il y a un stock de vélos chinois. Une fois que tout est vidé, on parvient à mettre la remorque, quasi sans la démonter, dans la voiture, avec toutes les sacoches, tout en laissant une place a Shkoda et on rentre ensuite le vélo dans la remorque, où il est solidement arnaché.

Eldar n’est pas content de la réparation du timon qui a été faite par son équipe hier au magasin. Il a appelé un soudeur qui, bien qu’on soit dimanche, nous attend. On décroche donc la remorque. On se rend de l’autre côté de la ville, en passant le pont sur la rivière, chez le soudeur en question, où on dépose le timon. Retour en ville, et là Eldar m’emmène manger dans un restaurant géorgien. Cuisine que j’avais déjà appréciée à Moscou et que j’apprécie tout autant aujourd’hui. Ensuite on se met en route pour ce qu’il m’avait annoncé déjà dans son message d’hier, un sauna de l’époque soviétique. On arrive donc devant un bâtiment qui n’a pas du tout l’air d’être autre chose qu’un entrepôt, pour découvrir effectivement un sauna totalement resté dans son jus depuis 30 ans. Une pièce d’accueil avec la caisse, avec deux portes, une à gauche pour les femmes, une à droite pour les hommes. J’ai indiqué à Eldar que je n’ai absolument pas pu remettre la main sur mon maillot de bain, malgré la fouille complète de mes sacoches, et celui-ci me dit que ça n’a pas d’importance. Effectivement, le seul vêtement qu’on porte, c’est un chapeau en feutre qui a la forme d’une clochette d’un perce-neige. Première salle, le vestiaire, régi par une dame qui indique quel casier nous est attribué. Deuxième salle, séparée par des murets, avec dans chaque espace un évier et une grande bassine. Et ensuite, la porte donnant vers le sauna proprement dit. Tout en bois, on y monte par un escalier et on arrive à un endroit où on peut se tenir à une petite dizaine au maximum. Néanmoins, la chaleur et l’humidité sont telles que la rotation se fait rapidement. Tradition russe, les locaux disposent de branches de feuilles d’espèces variées, dont ils se servent pour se flageller les jambes, les bras, le dos, au point d’en devenir tout rouge. Le but étant de stimuler la circulation sanguine. Après trois entrées et sorties, ainsi qu’un moment à l’extérieur pour faire retomber la chaleur, où mon bronzage cycliste con n’est pas passé inaperçu, on se remet en route.

On passe devant l’Ibis, qui dans la déclaration préalable permettant d’obtenir le visa, est le lieu officiel de mon séjour à Omsk. On passe rechercher le timon, complètement ressoudé et consolidé, de nouveau pour un prix dérisoire. Me voilà, après trois soudeurs, grand timonier, comme dirait Jacques Sepulchre.

Puis on se met en route pour faire les 140 km qui séparent Omsk de Cherlak, où je suis enfin posé à plus de 22h dans le dernier hôtel de Russie. En effet, il reste 50 km pour rejoindre demain la frontière Kazakh et sortir définitivement de la Fédération. J’aurai donc roulé 2600 km en Russie, 2800 si je compte les kilomètres faits les jours théoriques de repos, tandis que les trois transferts avant Kazan, de Ufa à Kurgan et de Omsk à Cherlak constituent 1000 km à eux trois. Tandis que Polarsteps annonce 5.800 kms au total de mes déplacements depuis le 19 avril…

Demain, on passe de l’entrée Russe a l’entremets Kazakh, troisième plat du menu si on compte les zakouskis Européens…

Photos sur Polarsteps


Commentaires

Une réponse à “Carpe diem pour la fête des pères”

  1. Avatar de Hallet

    Passionnant tous ces récits. J’aimerais savoir comment fais tu pour discuter. Quelle détermination #
    Et tous ces engouements, c’est génial.

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