Le Kazakhstan me déroule le tapis rouge

11 juin

Après une bonne nuit, je suis à 7h30 pétantes au petit-déjeuner, et celui-ci m’est offert. Je me mets en route après une première bataille avec les insectes, qui m’a poussé à chercher mon répulsif, qui n’est pas à sa place dans la sacoche. En effet, hier, je l’ai mis dans une poche pour aller jusque la rivière. Une routine perturbée, et voilà un oubli possible. Heureusement, je m’en suis rendu compte avant le départ. Mais pour mon maillot de bain et mon bermuda de nuit, c’est trop tard, ils ont été égarés, mais où ?

Je quitte Terenkol et reprends la M38. Immédiatement, un premier arrêt pour une photo. Un peu plus loin, je vois ma première yourte, installée à côté d’un café, puis je crois voir mon premier cheval sauvage. En fait, il est en carton, c’est juste pour prévenir les automobilistes de la possibilité d’en voir traverser certains. Un peu plus loin, je prends la photo de la plaque d’entrée d’un village. Elles sont toutes stylisées ici, et c’est ma foi fort joli. Nouvel arrêt, un véhicule de chantier avec six hommes: c’est reparti pour un tour de photos. Ils n’ont rien à m’offrir, ils m’offrent dès lors 2-3 km de sécurité, en restant derrière moi avec leurs feux de détresse. Un peu plus loin, c’est un couple, des personnes âgées, qui m’arrêtent. Je crois voir une vache sur le bord de la route, mais il se fait qu’elle est tout aussi en carton que le cheval précédent.

Il fait chaud aujourd’hui, on va approcher les 30 degrés. Le niveau de mes bidons descend vite, heureusement j’ai aussi de l’eau dans mon camelback. Mais voilà qu’une voiture s’arrête, le jeune homme en sort avec une bouteille juste entamée et me la donne, je transfère le contenu dans un bidon. Un peu plus loin, nouvel arrêt d’un véhicule, il devait tourner à droite, mais il a poursuivi. Le conducteur en sort avec une tablette de chocolat et quatre bouteilles d’eau. Je suis à 26 km de la destination et la route devient une deux fois deux bandes ultra confortables et récentes. Nouvel arrêt, deux jeunes dans une camionnette. Le conducteur y retourne et me donne un billet de 10 000 tenges, soit un peu moins de 20 euros. Mon portefeuille continue à se remplir sans avoir fait le moindre change.

Je découvre sur la gauche une énorme usine énergétique, ses cheminées semblent rejeter des trucs pas très nets.

Nouvel arrêt, un jeune couple souhaite faire des photos, puis un peu plus loin, un jeune homme m’offre une canette. Au kilomètre 96, je trouve enfin une station service où je peux prendre un latté tout en discutant avec trois jeunes anglophones. Au moment où j’arrive à la caisse, le latté est payé. Je me restaure et j’observe l’attroupement qui s’est formé autour de mon vélo.

Pendant cette pause, j’envoie un message au jeune homme qui, il y a deux jours, m’a dit « si vous avez un souci avec le vélo, passez à l’atelier ». Je me dis que c’est sans doute une dernière chance de faire un contrôle avant la Chine, et comme il est très tôt, ma moyenne est du côté de 26 km heure, je lui envoie un message. La réaction est immédiate, je reçois la localisation du magasin. J’entre dans Pavlodar, pratiquement sous escorte, tant sont nombreuses les voitures qui se mettent à ma hauteur, à ma vitesse, pour observer, lever le pouce ou klaxonner. Je vois un magasin, mais je me rends compte qu’en fait j’ai dépassé l’endroit géolocalisé. Je fais demi-tour et je rentre dans une espèce de terrain vague où sont alignés des containers. Je découvre immédiatement le bike store. En fait ici, tout le monde travaille dehors, il n’aurait pas fallu que j’arrive un jour de pluie. Le jeune rencontré il y a deux jours, a appelé son patron, qui parle correctement l’anglais et qui demande ce que je souhaite. Je lui ai dit que je ne suis pas un professionnel et que ça me plairait qu’un spécialiste jette un oeil aux différents éléments. Pas les freins qui ont été faits à Ufa, mais la transmission, les vitesses, les rayons, Aussitôt dit, aussitôt fait, la chaîne est nettoyée, graissée, les vitesses passées et repassées, les rayons sonnés et puis un petit travail sur la remorque permet de bien refixer la plaque de plexi. Le patron me demande quoi d’autre. Je lui dis que j’essaye d’anticiper les problèmes qui pourraient survenir. Le timon a été ressoudé, mais la jonction avec le vélo se fait avec une pièce en caoutchouc. Je crains que ce soit un endroit de faiblesse. Aussitôt dit, aussitôt fait, elle est démontée pour voir que cette pièce est en excellent état. Néanmoins, j’indique que ce serait pas mal si on pouvait doubler la sécurité en faisant un lien direct entre le timon et le vélo. J’indique aussi qu’au niveau des roues de la remorque, une des pannes possibles concerne les roulements. Le patron disparaît et se rend dans ce qui est en fait un grand souk avec plein de conteneurs qui sont à chaque fois un commerce différent et le voilà revenu avec des roulements. De mon côté, je suis allé faire un tour et j’ai trouvé de quoi faire la consolidation de la jonction du timon avec la remorque. Le patron m’y accompagne, on coupe un bout de chaîne et on achète deux composants. Il veut absolument payer. On revient au vélo. En deux temps trois mouvements, le collier, la chaîne et le lien sont installés et pour éviter que tout ça fasse du bruit, une vieille chambre à air est découpée et placée autour de la chaîne. J’ai beau me creuser, je ne vois plus rien qui pourrait nécessiter une intervention. On fait donc quelques photos et un petit film au drone. Je le remercie chaleureusement, lui qui a offert matériaux et main d’oeuvre et je rejoins l’hôtel que j’ai repéré à 800 mètres de là. Il me restera à déterminer comment j’organise les trois jours pour aller jusque Semeï: en démarrant demain ou après demain.

Une chose est sûre, ce Kazakhstan me déroule le tapis rouge.

Photos sur Polarsteps


Commentaires

Une réponse à “Le Kazakhstan me déroule le tapis rouge”

  1. Avatar de Michèle Loijens
    Michèle Loijens

    Je te suis le début je rate de temps en temps le suivit au jour le jour mais je me rattrape à la visite prochaine. Je suis scotchée par ton aventure.
    Mais quelle étonnante et extraordinaire 1ère étape au Kazakhstan, elle démontre à quel point la chaleur humaine existe encore et partout
    Bon vent pour la suite cher Claude

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