On a pédalé sur Mars !

3 juillet.

En se penchant sur l’itinéraire jusqu’au Urumqi, Sam a eu contact avec des locaux qui lui ont indiqué que la G335 était une route saturée de camions et qu’il valait mieux l’éviter. Malheureusement, c’est là que le planificateur vélo nous fait passer. Nous revoyons dès lors complètement les plans. Tenant compte des possibilités d’hébergement, nous optons pour 3 grosses étapes de 150 à 160 km. Une par Karamay mais qui va la dépasser vers le sud, une seconde vers Shihezi et la troisième vers Urumqi où on devrait donc arriver samedi soir plutôt que dimanche. On a décidé de partir plutôt vers 9h après un petit déjeuner très léger pris à l’hôtel, qui n’en sert pas, et composé plutôt de biscuits et de thé. Sam m’invite à prendre la route avant lui et dit qu’il me rejoindra. Je m’élance donc un peu après 9h. Le profil de l’étape indique un gros dénivelé jusque la descente vers Karamay puis le reste assez plat. Et effectivement, après quelques kilomètres, me voilà dans une solide ascension puisque au kilomètre 30, on aura pris 400 m. Ascension sur une route parfaite et peu fréquentée qui joue a cache-cache avec la voie express, qui nous amène sur un plateau totalement différent. On se croirait sur Mars. Aux ascensions succèdent de petites descentes et c’est ainsi up and down. Sam avait annoncé me rejoindre vers le kilomètre 20. C’est seulement au kilomètre 40 qu’il fait la jonction au moment où je fais quelques films et des photos avec M. Zen. Cette fois, Sam repart devant moi. Au moment où on est sur le dessus du plateau, où on voit beaucoup de chantiers de construction d’éoliennes, il doit y avoir une grande descente vers un cours d’eau avant une montée aussi sèche. Effectivement, il y a du 6-7% en descente, un pont sur une rivière complètement asséchée et puis la montée. Au milieu de celle-ci, je me rends compte que je suis suivi par un véhicule de police qui est en protection derrière moi. J’espère que ce véhicule ne va pas me stopper dans la montée. C’est à ce moment que j’entends un bruit un peu particulier. La protection caoutchouc de la chaîne vient de se rompre. La partie avant est passée au-dessus des dents du plateau, faisant tomber la chaîne. Je me trouve donc à l’arrêt. Les policiers en profitent pour me dépasser et pour venir me trouver. Pendant qu’ils contrôlent mon passeport, je m’affaire à enlever les tubes endommagés, en espérant conserver la partie centrale qui protège mon siège. Le policier me souhaite bon voyage et m’invite à la prudence. Je termine donc l’ascension avant de retrouver le dessus du plateau et donc de la descente. Quelques gouttes de pluie m’étonnent et m’obligent à sortir mon ciré au moment où je passe à côté d’un poste de contrôle de police, d’où sort une voiture qui me dépasse, qui m’arrête et qui fait un contrôle de passeport, ainsi que deux chiens qui commencent à me courser. Les policiers partis et les chiens calmés, je me remets en route et je retrouve Sam qui en fait surgit de l’arrière. Il s’est arrêté bien avant sur un site que je n’ai pas identifié. On est à proximité de Karamay, mais le solde du tube de protection de chaîne empêche celle-ci de fonctionner correctement. Il faut donc s’arrêter. Néanmoins, comme c’est en descente, Sam me demande qu’on aille jusqu’au restaurant et qu’on s’occupe de recharger les vélos et du problème technique là-bas, ce que nous faisons. En effet, Sam est affamé. Il est 13h30 et le petit déjeuner a été particulièrement léger. Après un solide repas pendant lequel on fait une recharge complète des batteries, et une visite aux toilettes à squat, je m’affaire à enlever le dernier morceau de tube qui gêne pour me rendre compte qu’il y a un risque que la chaîne nue continue de découper le siège par le bas. On se dit qu’il serait bon de mettre un nouveau tube. Sam trouve l’adresse d’un marchand. Nous nous y rendons. J’achète un tube et avec celui-ci on peut faire quatre morceaux, un à placer et trois en réserve. Le vendeur nous élargit les bouts comme sur le tube d’origine. Il est donc plus de 3h30 lorsqu’on se remet en route. Il reste une bonne soixantaine de kilomètres. La sortie de ville de Karamay se passe comme celle de Tacheng sur des voies cyclables parallèles à la route, séparées par un terre-plein, et de la largeur d’une voie de circulation. Avant de se lancer sur la grand route, Sam souhaite faire une petite sieste. On s’arrête donc quelques minutes. Il propose que je prenne les devants. Je me lance donc sur la S205 pendant qu’il pique un roupillon. C’est un faux plat montant avec le vent un peu contraire, mais néanmoins j’avance bien et la charge solaire est bonne. J’ai le trajet sur Komoot. Au départ, il ne me donnait pas cette S205. Je constate qu’en fait le trajet l’empruntant est plus court de 6 kilomètres. Le total ne sera que de 152. C’est déjà un défi. À un moment donné, je me retrouve devant une barrière de péage. Je me dis que je vais attendre Sam là. J’ai beau regarder dans mes rétroviseurs ou regarder en arrière, il n’est pas là. J’ai peur qu’en fait, après la barrière de péage, le vélo ne soit plus admis. Je me décide donc d’avancer. La préposée au guichet me fait un grand signe pour me dire de passer. J’ai donc la certitude que c’est ouvert aux vélos. J’avance de 300 mètres et là il y a une bifurcation. Une des possibilités pour rejoindre notre logement. Cette fois, je me dis que je vais attendre Sam. Je lui envoie ma position. Il ne répond pas. Je lui envoie un message. Mais visiblement, il ne l’entend pas et je finis par l’appeler. Il m’indique qu’il est 6 kilomètres derrière moi mais que où je suis, je ne peux pas aller plus loin. Il faut donc que je fasse demi-tour et que je le rejoigne parce qu’il faut quitter la S205 plus tôt. Je fais donc les 6 kilomètres pour le rejoindre: en fait il est venu jusqu’à la barrière de péage, à 300 mètres de moi, mais son gps lui a fait faire demi-tour. On est en face de la route que nous devons prendre mais on est du mauvais côté. Cette nationale deux fois deux bandes est séparée par une berne centrale. Mais où nous sommes, il y a une ouverture juste barrée par des plots de béton entre lesquels mon vélo, donc aussi le sien pourraient passer. Mais pour Sam, c’est hors de question de traverser cette grande route: il faut aller plus loin jusqu’à la possibilité de demi-tour. On fait donc 4 kilomètres en arrière. On fait demi-tour. On refait les 4 kilomètres dans l’autre sens. Et on prend enfin la route parallèle à la S205. Celle-ci est de moins bonne qualité. Et traversée par de très méchants casse vitesse que je ne sais prendre qu’à 3 km heure pour ne pas risquer de casser. A un moment donné, la route s’arrête et il y a un monticule de terre que les voitures franchissent. Nous sommes donc obligés de le franchir aussi. Et nous faisons ainsi les derniers kilomètres, dans une région d’extraction de pétrole, pour rejoindre notre destination finale. Il y a aujourd’hui 175 km au compteur, dont 23 inutiles. Et il est 21h lorsque l’on peut se poser, après un nouvel arrêt près d’une voiture de police. J’ai pas le courage de ressortir pour prendre un repas. Je passe donc dans un magasin acheter de quoi prendre un souper léger.

Voilà donc une bien trop longue journée pour moi. J’espère que la fatigue accumulée n’aura pas trop de conséquences négatives. Ce qui est sûr, c’est qu’il nous reste de réglages à faire pour mieux gérer la navigation. Sachant qu’ici c’est le comble, mon navigateur allemand donnait visiblement les bonnes informations. Indiquant qu’on pouvait poursuivre au-delà de la barrière de péage. Tandis que celui de Sam, chinois, indiquait le contraire.

On n’est pas au bout de l’aventure.

Photos sur Polarsteps


Commentaires

Une réponse à “On a pédalé sur Mars !”

  1. Avatar de Philippe

    Courage Claude ! Quelle aventure hors norme ! 🤞🙏🍀✨️💪