Le vent qui rend fou…

17 juillet

Hier en avant-soirée, malgré que c’était une petite étape et que j’ai fait une sieste, je sens mon énergie diminuer et si les voies respiratoires supérieures se sont dégagées, j’ai l’impression que c’est descendu sur les bronches. Sam me confirme que même si j’ai eu une très bonne nuit la nuit passée, je semblais respirer difficilement. J’ai donc mon assistante médicale personnelle au téléphone qui me dit qu’elle pense bien qu’il y a dans la trousse de secours un thermomètre. En fait cette trousse de secours je n’en ai pas eu besoin jusque là, elle est au fond d’un sac, je ne l’ai jamais ouverte et ce n’est pas moi qui l’ai composée. Je découvre donc après 9000 km de voyage que je dispose bien d’un thermomètre qui aurait été très utile à Semey et puis aussi d’une paire de ciseaux, ça fait bien 10 fois que je me dis que ça aurait été utile que j’en aie une paire avec moi… Le verdict est que j’ai de la température, modérément. Mon assistante médicale personnelle me prescrit donc un traitement et après le repas du soir je passe à la pharmacie chercher ce qui est nécessaire. Puis je fais une interview avec Bernard Pollet de Bouke.media, qui souhaite prendre de mes nouvelles. En rentrant dans la chambre on a la surprise de découvrir un kit complet pour un bain de pieds du soir, sensé favoriser le sommeil. C’est la Xème attention de cet hôtel qui de tous ceux que j’ai rencontrés aura donné le meilleur service, tasse de thé lorsque vous asseyez dans le lobby, si vous dirigez vers l’ascenseur on vient vous l’appeler, on amène ou on vient chercher le chariot à bagages, livraison de fruits etc etc. Je me soigne et je tente de m’endormir tôt, sauf que à 23h45 un feu d’artifice éclate sur le sommet d’un immeuble voisin.

Ce 17 juillet, Sam doit rouler 150 km pour rejoindre une ville où il y a un service logistique à qui confier son vélo et l’envoyer à Lanzhou, pour le mettre à disposition du Sun Tripper Shede qui va rouler avec moi à partir de cette ville.

En ce qui me concerne il y a 4 possibilités, soit la fièvre augmente et je reste un jour de plus à Yumen, soit je sens que je peux démarrer, j’ai identifié un logement après 70 km et je fais donc une demi étape, soit je peux faire 130 km jusqu’à la ville de Jyiaoguan où Sam reviendrait après avoir envoyé son vélo, soit c’est la toute grande forme et je fais 150 km pour le rejoindre. En me levant je me sens en forme et la fièvre a un peu diminué, on fait une photo pour l’évaluation de l’hôtel, puis Sam démarre le premier, vu son gros programme de la journée. Je me lance un peu après 9 heures, la sortie de ville est comme d’habitude parfaite via de larges pistes cyclables et aujourd’hui je vais découvrir la G312, une route nationale qui est obligatoire pour rejoindre Jyiaoguan. Sam en parle de manière très négative, je découvre une deux bandes de circulation, une dans chaque sens et de chaque côté une bande d’arrêt d’urgence d’un mètre cinquante, pour moi c’est très confortable, c’est bien meilleur que ce que j’ai rencontré en Russie. La seule difficulté c’est qu’elle est très sale, il y a beaucoup de débris, de cailloux, il faut donc un peu slalomer pour éviter de rouler dessus.

Dès après la sortie de ville c’est de nouveau le désert de Gobi, rien à voir avec l’oasis fertile rencontré hier, changement total de décor, c’est aride à gauche aride à droite et on a trois longs rubans, celui de l’Expressway G30 interdite au vélo et payante, celui de la G312 sur laquelle je suis, route nationale et la ligne de chemin de fer, de part et d’autre c’est le désert, ce ne sera donc pas très fun. Je constate tout de suite que sur la G30 il y a assez peu de camions, ceux qui acceptent les péages, la majorité se rabat sur la route nationale, je vais les appeler les radins et des radins il y en a un paquet. Comme il y a au début une zone de travaux avec passage alterné, les radins arrivent par vagues de 5, 6, 10 et après c’est le grand calme. Lorsqu’il n’y a rien en face ils s’écartent et dans ce cas je lève le pouce mais je sais que s’il y avait eu quelqu’un en face ils n’auraient pas bougé d’un iota de leur trajectoire. En plus d’être radins et de se priver d’un axe rapide, ils veulent quand même aller vite: j’ai donc parfois deux radins en face, un sur chaque bande.

C’est de nouveau vent d’est, pleine face, au début il est modéré, on sait que c’est avec l’augmentation de la température de la journée qu’il va forcir et effectivement plus j’avance plus je dois envoyer des watts contre ce vent qui siffle dans mes oreilles. De plus on est pendant 90 km en montée pour passer au dessus de 1950 mètres. Je croise quelques cyclo-voyageurs qui sont tous en vélo musculaire, dans l’autre sens, dans la descente, avec le vent dans le dos, ils vont plus vite que moi ! J’essaye de maintenir le 25 à l’heure, allant à de rares occasions à 30 et j’arrive à midi et demi au kilomètre 70, là où il y a un hôtel. Je me sens en forme, je prends ma température, elle a baissé depuis le matin, j’ai le chargeur rapide avec moi et comme j’ai bien cramé mes batteries, je les reconstitue en trois quarts d’heure. Je me remets en route à 13h15, après m’être alimenté, abreuvé, et avoir sympathisé avec les tenanciers du magasin qui m’ont offert l’électricité, mais aussi boissons et nourriture.

Le vent a encore forci et ça va consommer beaucoup de watts: je dois parfois envoyer 700 watts pour tenir une allure raisonnable. À un moment donné je me trouve derrière un petit camion, je trouve qu’il va un peu lentement pour moi et donc je le dépasse, il faut que j’envoie des watts pour contrer le vent et après quelques dizaines de mètres, je constate que je ne prends presque pas d’avantage sur lui, je m’arrête donc et je me remets sagement derrière, il m’offre une double protection, devant contre le vent et derrière contre les camions, lui occupe ostensiblement la voie de circulation, ce qui les oblige a se déporter. La seule chose c’est que j’attends le moment où sa roue arrière droite va se détacher tant elle brinqueballe.

Je passe devant des nouveaux logements équipés de solaire, je me trouve avec la bande d’arrêt d’urgence bloquée à cause de travaux, je dois donc attendre que le chapelet de radins soit passé pour pouvoir aller sur la voie de circulation et ensuite me rabattre.

Le vent est encore plus fort et je suis obligé de pédaler pendant les 40 kilomètres de descente, un comble. Depuis le début de l’après-midi, j’ai mis un masque pour éviter de manger le sable que le vent m’envoie de manière assez violente. Je m’arrête dans une station service, je retrouve le côté ouvert des stations que je fréquentais assidûment en Russie. En effet dans le Xinjiang, toujours traumatisé par des attentats d’il y a quelques années, l’accès aux stations service n’est pas libre, il y a un gardien, une barrière, une borne où il faut la carte de client de la marque pour pouvoir entrer. Ici rien de tout ça, je peux donc aller dans le shop me rafraîchir, acheter une boisson et de quoi me restaurer, je fais la connaissance d’une très grande famille de Guangzhou en vacances dans la région, voyageant dans un petit bus, avec lesquels nous conversons, qui m’offre un morceau de melon de Hami et avec lequel nous faisons quelques photos. Il me reste 12 km pour rejoindre l’hôtel sélectionné par Sam, j’ai donc réussi l’option 3, 130 km (impossible sans chargeur rapide), et je suis encore en forme malgré que la température soit un peu remontée. J’ai à peine fait mon check-in que Sam revient de la ville 20 km plus loin où il a envoyé son vélo, nous pouvons prendre une douche et puis prendre ensemble le dernier repas, un succulent barbecue avant que pour 21h, Sam rejoigne l’aéroport qui va le ramener vers chez lui.

Avant de partir il a zappé sur les programmes de télévision, avec arrêt sur un débat sur le Green deal Chinois, ce qui m’a donné l’idée de poster un zapping des premières chaînes disponibles à la télévision chinoise.

Demain l’aventure continue en solo. Merci à Sam pour la quinzaine offerte !

Photos sur Polarsteps.


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