La grande muraille !

18 juillet

Cela me fait tout drôle de me retrouver dans la chambre tout seul. Avec Sam, on s’est beaucoup amusé de la différence entre le German style et le French style. German style, organisé, planifié, rangé, qui connaît les distances et les dénivelés. French style, à l’intuition, au feeling, à l’improvisation. L’organisation des deux moitiés de la chambre correspondait bien à la distinction. De mon côté, les sacoches, alignées, rangées. Et s’il y a lieu d’en sortir quelque chose, rangé devant la sacoche de référence. De l’autre côté, tout éparpillé. Ce soir, il n’y a plus que le German style dans la chambre. Je peux me passer de mes bouchons d’oreilles.

Je ne sais si l’idée d’une première journée en solo me stresse un peu. Toujours est-il que je fais une insomnie de 5 à 6. J’en profite pour regrouper toutes mes appli concernant la Chine. Et comme je n’ai pas réussi à joindre Aurélien hier soir, je tente d’installer celle qui correspond au Uber chinois. Elle s’appelle Didi, s’installe très facilement et se relie à mon compte Alipay, un des deux moyens de paiement.

Les éléments à prendre en compte aujourd’hui sont: pluie le matin et pas de pluie l’après-midi, une courte étape de 95 km, une route parallèle permettant d’éviter la G312, un vent passé à l’ouest, donc dans le dos. Tout indique qu’il y a lieu de démarrer début d’après-midi Ça tombe bien parce qu’il y a un élément que je ne veux absolument pas louper C’est l’extrémité ouest de la Grande Muraille de Chine. Enfin, je dois dire d’une des Grandes Murailles de Chine Parce qu’il y en a eu plusieurs sous plusieurs dynasties, avec plusieurs tracés. Mais ici mon trajet croise l’extrémité. Il pleut effectivement ce matin, mais je me dis que ça va permettre qu’il n’y ait pas trop de monde J’utilise donc mon application de taxi: il suffit d’indiquer où on est et où on veut aller; trois minutes après, un taxi et c’est un officiel, arrive; pour confirmer que c’est bien moi qui ai demandé la course il me présente sur son smartphone les quatre derniers digits de mon numéro de téléphone, les deux premiers il les a, les deux derniers c’est moi qui dois les mettre… puis en route pour le site

Le temps d’arriver la pluie s’est arrêtée Je peux donc profiter pleinement de la visite. Monter jusqu’à deux tours et puis faire la descente par le chemin de pierre De là-haut la vue est imprenable sur d’un côté le désert de Gobi, au pied, des infrastructures sportives, et au loin la ville avec en avant-plan des industries et une centrale. Mr Zen a adoré la visite autant que moi.

Un nouveau petit coup de Didi et je suis de retour à l’hôtel pour fin de matinée Je me repose un peu. Comme ce matin j’ai 37°C et j’ai senti en montant les marches que j’avais encore un peu de difficulté de respiration Néanmoins je me restaure, je prépare mes bagages. Il est 13h30 lorsque je m’élance Avant cela j’ai repéré ce qu’était le bruit apparu hier sur le vélo Une des fixations du toit solaire, fixation mobile était desserrée.

Une nouvelle fois sortie de ville par des pistes cyclables impeccables. Je découvre un beau petit étang et une allée majestueuse. La route parallèle est magnifique En fait elle est flambant neuve C’est un tapis d’asphalte impeccable à la droite duquel j’ai les montagnes. Je suis plus loin du désert et je sais que j’aurai un peu plus de dénivelé par ici. Mais la route est complètement tranquille. Au début, les marquages sont faits. Puis les marquages sont en cours: je croise les ouvriers au travail. Plus loin, il n’y a pas de marquages et pas de travail en cours. Puis il manque la dernière couche d’asphalte. A droite, je découvre un type de cimetière très différent de ce que j’ai vu au Kazakhstan. Et un mix de logements, les anciens logements avec les céramiques Et puis des nouveaux logements récemment construits. Première alerte, la suite de la route est barrée Mais tous les automobilistes continuent. Je discute par geste avec un d’eux qui me dit que je peux y aller Deuxième alerte, nouveau panneau, je joue du traducteur: le panneau indique qu’il faut faire un détour à cause de travaux à venir. Néanmoins, un automobiliste passe et me dit que je peux y aller Je poursuis donc. Puis, quelques kilomètres plus loin, voilà le troisième panneau. A côté de celui-là, il y a un préposé qui a un cône sur la route pour empêcher qu’on avance Nous sommes au kilomètre 47, à la moitié de mon étape Et là, c’est terminé, il faut que je me déroute.

Le préposé m’indique que la seule solution, c’est la G312. Celle que je voulais éviter aujourd’hui. C’est une longue descente pour la rejoindre. Et avant cela, plusieurs écueils. Une route en reconstruction que je dois traverser Et puis, au sortir d’un village en prenant à droite, deux kilomètres de route arrachée, également en reconstruction. Normal d’avoir de travaux pour avoir un réseau secondaire aussi parfait. Heureusement, ici, elle a été complètement damée, contrairement à ce que j’avais connu à l’entrée du Kazakhstan. Je vois la G321 de loin Elle se trouve après le pont de l’Expressway et après le pont du chemin de fer. Je suis étonné, je ne vois guère de trafic Je me dis que c’est bon signe J’arrive, et je tourne à droite. Le détour va allonger de 12 kilomètres mon étape du jour.

La première surprise, c’est donc qu’il n’y a peu de trafic. Et surtout, il n’y a quasi pas de camions Je me dis que connaissant les Chinois, ce n’est pas parce qu’on est vendredi soir mais certainement parce qu’ils se trouvent sur la G30, l’Expressway, qui doit être non payante dorénavant. J’en aurai la confirmation plus tard. Mais l’autre surprise, c’est que la G312 d’aujourd’hui, n’a rien à voir avec celle d’hier. C’est une route doum-doum. Avec une bande d’arrêt d’urgence parfois complètement défoncée. Et j’aurai effectivement 40 kilomètres de route au mauvais état pour rejoindre mon hébergement modeste dans un village, a plus de 19h. Heureusement, comme le trafic est peu dense, je peux souvent me mettre sur la route elle-même. On traverse quelques villages, un marché, un abattoir, un mouton se faisant complètement déshabiller au bord de la Nationale. Et puis un ensemble de marchands de fruits et légumes de production locale.

A 5 kilomètres du but je croise deux jeunes cyclos chinois. Ceux-ci font demi-tour et me rejoignent, ce qui nous permet de sympathiser.

On verra demain quel visage la G312 proposera. De toutes façons il n’y a pas d’alternative.

J’ai entamé le dernier tiers du voyage: 90 jours passés, 45 restants… Et depuis le début du mois de juillet, je me suis déjà éloigné de la frontière kazakh de 2.000 kilomètres: 1.650 roulés et 350 de transfert. La diagonale jusque Shanghai, c’est 5.000.

Photo sur Polarsteps


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