19 juillet
Une des choses importantes sur un effort de longue durée, c’est la récupération. Cette nuit, j’ai pu m’endormir tôt et faire une très longue nuit, même s’il y a eu deux interruptions un peu plus longues que d’habitude. Pour m’aider, j’ai mis mes bouchons d’oreille, l’hôtel étant à même la G312, où il passe quand même quelques camions la nuit, et l’hôtel n’étant pas très insonorisé, et s’est visiblement rempli tardivement, notamment par une famille dont mère et fille se crèpent allègrement le chignon. Je sais qu’il va pleuvoir cette nuit, et j’ai pu mettre le vélo à l’abri, et comme cela va se prolonger un peu au matin, je ne me presse pas, je me sens très reposé.
Effectivement, au moment où je me mets en route à 10h, la route a un peu séché, donc cela va limiter les flaques et les projections des autres usagers de la route. Avant de démarrer, je peux observer de ma fenêtre quelques habitants. La position accroupie reste une position phare en Chine. Que ce soit pour converser, regarder son smartphone, ou attendre le bus, beaucoup la pratiquent. Comme ce n’est pas mon cas, plus tard dans la journée, la vendeuse du petit magasin où je viens d’acheter de quoi me ravitailler, va me prêter un petit tabouret.
La G312 est toujours aussi calme. Je le verrai plus loin en croisant l’expressway, c’est bien là que les camions se trouvent. Même si je rencontre une zone de travaux qui cette fois ne me déroute pas, la G312 redevient parfaite. Un beau revêtement, et une bande d’arrêt d’urgence peu sale. A un moment donné, j’aurai même une portion flambant neuve, sur de nombreux kilomètres. J’ai toujours les montagnes à ma droite, et je passe un pont au-dessus d’une très large rivière, qui en vient, aujourd’hui à sec, mais ça ne doit pas être le cas en hiver.
Je croise des cyclo-voyageurs. Il y a les habituels bike-packers, avec leur vélo et plus ou moins de bagages, suivant les cas. Et puis il y a les cyclo-campeurs, qui tractent une petite caravane. D’abord, une jeune fille, sur une trottinette électrique à trois roues, une devant, deux derrière, qui ne pédale donc pas. Plus loin, ce sera un vélo, et je vois souffrir le cycliste, dans une montée, tirant une caravane ayant une forte prise au vent.
Je m’arrête pour une première pause, au tiers du parcours, lorsque l’essentiel des montées est terminé. Il y a là toute une série de commerces, les uns à côté des autres, dans des bâtiments neufs. Hier, j’ai envoyé à mon pote Benoît Dive, un photographe portraitiste hors pair, que j’aimerais l’avoir sur mon porte-bagages, pour qu’il puisse mitrailler. Il se ferait vraiment plaisir. Je tente quelques essais de photos en portrait, mais il ne suffit pas d’avoir le bon appareil, encore faut-il, et c’est là tout l’art, choisir le bon moment.
Je passe à côté d’un champ photovoltaïque démesuré. Puis plus loin, j’aperçois un camion transportant une pale d’éoliennes. Depuis le début, et principalement dans le Xinjiang, j’en ai croisé des dizaines. Je n’avais malheureusement pas pu les photographier. C’est plus facile ici, avec ce camion à l’arrêt.
Même si on reste aux frontières du désert, on est dans une bande fertile, où il y a des villages et de l’activité. Je m’arrête dans l’un d’eux pour ma deuxième pause. Il y a une jolie place, avec une pagode au milieu, et un grand nombre de bancs qui se font face. Je me remets en route pour les 40 derniers kilomètres. La grisaille du matin fait place maintenant à un bon soleil. Je commence à avoir de la recharge solaire. Je peux donc envoyer des watts et terminer rapidement.
Avec les jours qui passent, je commence à avoir de plus en plus l’habitude de la manière de conduire chinoise. Il y a bien sûr des règles de priorité, et les feux tricolores sont scrupuleusement respectés. Mais il y a une pratique dont il faut tenir compte, c’est la conduite à l’influence. Celle-ci est permanente. Vous avez beau avoir la priorité, s’il y a un petit espace qui permet à l’autre d’être engagé avant vous, il va le prendre. Pas brutalement, mais il va lentement s’engager, regardant bien droit devant lui sans tenir compte de vous, ce qui vous oblige à vous adapter. C’est ainsi dans un carrefour où vous allez tout droit et où en face quelqu’un veut tourner à gauche. S’il a la place, il va s’engager et il va vous obliger à ralentir. Ainsi, s’il y a une rue adjacente et qu’un véhicule vient de la droite, s’il a la place, il va s’engager et vous obliger à ralentir. C’est ainsi du plus petit comme la moto-benne au plus gros comme le camion. Dans ces cas-là, il n’y a pas de coup de klaxon. Les gens s’adaptent. Le coup de klaxon, c’est envoyé de plus loin. Ils veut dire « ne bouge pas de ta ligne parce que moi, dans tous les cas, je vais passer ». Mais si vous devez bouger et que vous saisissez l’espace, le véhicule va de toute façon s’adapter. Autre particularité les bornes avec message: je ne le comprends évidemment pas, mais sans habitacle je ne l’entends quasi pas. Je me demande bien ce que de l’intérieur d’un véhicule on peut bien entendre.
Il est vers 16h30 lorsque j’arrive à Linze. C’est pour moi une journée parfaite. Aucun souci. Une température inférieure à 30 degrés. Pas de pluie. Une route lisse et propre. Peu de camions. Et pour le deuxième jour consécutif, un nombre de kilomètres supérieur à 100 sans devoir faire de recharge intermédiaire. Bien que le vent était contraire, le faible dénivelé a permis d’éviter un arrêt recharge. On rêverait d’avoir autant de facilité tous les jours.
Photo sur Polarsteps.
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