Un autre bout de la Muraille

20 juillet.

J’avais repéré que Linze est célèbre pour un site géologique aux couleurs époustouflantes. J’envisage de m’y rendre ce matin. Néanmoins, après avoir discuté avec un guide qui est anglophone, j’apprends que la visite dure trois heures parce qu’il faut monter dans des autocars pour passer d’un spot remarquable à un autre. En y ajoutant une heure et demie de trajet en taxi aller-retour, cela m’amène à une heure que j’estime trop tardive pour démarrer mon étape du jour. Je renonce donc à cette expédition malgré que les photos soient alléchantes.

Trois villes au programme aujourd’hui. Linze au départ, Zhangye que je vais traverser à moitié chemin, puis Shandan, ma destination du jour. Je ne peux dans les trois cas qu’être scotché une fois de plus par le côté moderne, propre et bien conçu de ces cités où c’est très confortable de faire du vélo. Je croise une colonne de véhicules décorés et à ce stade je ne saurais dire pour quel événement.

Retour sur la G312 qui continue à être parfaite. A un moment donné, elle est même à deux fois deux bandes avec une troisième aussi large comme dégagement dont je me sers. Je suis inquiet de voir devant moi une barrière de péage, mais le préposé me fait signe de passer en me montrant de bien tenir ma droite. Pour moi c’est gratuit.

A un moment donné, je repère dans mon rétro un véhicule qui me suit, puis qui va me dépasser lentement et puis s’en aller. C’est un peu le symbole de ma relation avec les chinois depuis que Sam est parti. En effet, lorsque nous étions deux portant le même maillot avec un des deux qui est chinois, ceux-ci s’adressaient à lui. Maintenant que je suis seul, on ne s’adresse plus à moi. C’est valable en mouvement où dorénavant personne ne s’arrête. Voilà qui est très différent du Kazakhstan. Et à l’arrêt, c’est pareil. Au Kazakhstan, c’est l’homme qui compte. Qu’on veut rencontrer, qu’on veut filmer, avec qui on veut prendre des photos et avec lequel on veut converser et lui remettre des cadeaux. En Chine, c’est la machine qui compte. C’est elle qui intéresse les chinois. Parfois en me snobant complètement, en regardant le vélo avec les yeux, mais aussi parfois avec les mains. Je suis obligé de prendre des mesures de protection. Soit mettre une sangle pour empêcher qu’on s’asseye dans le vélo, soit mettre la bâche autour pour qu’il soit complètement en sécurité. Après mon check-in aujourd’hui, j’ai une altercation avec un ouvrier. Au moment où je sors de l’hôtel pour prendre mes bagages, il a la main sur un des montants, il est en train de secouer le vélo. Je n’en comprends pas la raison. J’interviens clairement pour dire, avec les yeux, ok, avec les mains, c’est non.

Autour de Zhangye, on quitte la G312 pour passer par des petites routes. Cette étape sera de nouveau une étape très verte, même si le désert de Gobi ne doit pas être très loin. Une route avec de magnifiques arbres en bordure et beaucoup de cultures.

Je me pose la question de savoir si cette prospérité apparente, au vu des villes, au vu du chemin de fer, au vu de la qualité des routes etc, est partagée par le plus grand nombre. J’ai l’occasion de suivre plusieurs moto-bennes chargées, voire surchargées d’éléments de récupération qui doivent vraisemblablement être valorisés. Je passe également devant de nombreuses échoppes de ventes de fruits. Et je me dis que tous ces gens doivent avoir une vie particulièrement simple. Je me demande si c’est eux qui habitent ou non dans ces grands immeubles que je découvre à Zhangye.

Je remarque quelques portes remarquables, soit pour accéder à une propriété, soit en travers de la route. Plus j’avance et plus je suis entouré de montagnes. Les 50 premiers kilomètres étaient à plat, les 50 suivants sont à un faux plat qui permettra d’arriver une nouvelle fois aux alentours de 1800 m.

À un moment donné, je remarque sur ma droite des murs anciens et je me rends compte que je suis de nouveau devant un des tronçons de la Grande Muraille de Chine. Ou d’une des Murailles de Chine. J’ai confirmation sur la carte que ce sera ainsi jusqu’à Wuwei. Ce n’est pas la même finition que ce que j’ai vu à Jiayuguan, mais cela fait partie de l’ensemble.

Il est tôt dans l’après-midi lorsque j’arrive à Shandan après avoir un peu tourné pour trouver l’hôtel. Je suis de plus en plus à l’aise avec la navigation et j’utilise deux GPS. Mon GPS vélo classique Komoot, allemand mais visiblement connaissant bien la Chine, reste en priorité. Il ne fonctionne que s’il est à l’écran. Il a l’avantage de pouvoir m’indiquer comment évolue le dénivelé. Mais la trace est surtout guidée par le GPS chinois Amap. Je sélectionne le mode voiture en excluant l’autoroute et les routes trop fréquentées. Lorsque les deux GPS sont raccord, pas de problème. Lorsqu’il y a une variation, je fais un peu plus attention, mais j’accorde d’abord ma confiance au GPS chinois. La particularité de ce GPS: il indique à l’approche d’un feu le nombre de secondes restant de la phase en cours. Même à distance, sans encore savoir lire le compte à rebours qui s’affiche également à côté du feu, je sais déjà dire si j’aurai le temps de passer ou pas, si je devrai ou non attendre longtemps au feu rouge, ce qui permet de maintenir ou de diminuer ma vitesse.

C’était une journée sous le soleil, néanmoins avec vent de face, mais de nouveau malgré plus de 100 km sans recharge intermédiaire.

Photos sur Polarsteps


Commentaires

6 réponses à “Un autre bout de la Muraille”

  1. 中国的城市化率已超过66%,虽然低于美国(83%)和欧盟平均水平(约75%),但发展速度世界最快;高铁里程超4.5万公里,占全球75%,美国至今没有真正意义上的高铁,欧盟则约1万公里;中国高速公路总里程超18万公里,远超美国的9万多公里和欧盟各国加总的约7万公里。中国的基础设施不是装样子,而是真正支撑十几亿人口高强度流通与发展的骨架。

    Chat GPT Translate version:
    Le taux d’urbanisation de la Chine dépasse 66 %. C’est moins que les États-Unis (83 %) ou la moyenne de l’Union européenne (environ 75 %), mais la Chine affiche la croissance la plus rapide au monde. Son réseau ferroviaire à grande vitesse dépasse 45 000 kilomètres (soit 75 % du total mondial), alors que les États-Unis n’ont toujours pas de TGV au sens propre, et que l’UE en compte environ 10 000 km. Le réseau autoroutier chinois dépasse 180 000 km — bien au-dessus des 90 000 km américains ou des quelque 70 000 km cumulés des pays de l’UE. Ces infrastructures ne sont pas une façade : elles sont la colonne vertébrale d’un pays en mouvement, avec 1,4 milliard d’habitants à connecter.

    1. 另外:中国的住房拥有率为90%,而比利时只有70%。

      Plus:Le taux de propriété en Chine est de 90 %. La Belgique n’est qu’à 70 %.

  2. 你看到的那些三轮车和摊贩,其实是中国快速发展过程中正常的社会分工形态。中国的城市化不是照搬欧美模式,而是基础设施先行,逐步改善生活条件。它不完美,但确实让十几亿人受益。
    与其说是“可能没被共享”,不如说是一种分阶段共享。并不是每个人都住高楼,但大多数人都能用上好路、好电、好网和基本教育。这种方式或许不够理想化,却很现实,也更包容。


    Les triporteurs et les petits vendeurs que tu vois font en réalité partie d’une division du travail normale dans un pays en développement rapide comme la Chine. L’urbanisation chinoise ne copie pas le modèle occidental ; elle privilégie d’abord les infrastructures, avec une amélioration progressive des conditions de vie. Ce n’est pas parfait, mais cela a profité à des centaines de millions de personnes.

    Plutôt que de dire que tout n’est pas partagé, on pourrait dire que c’est un partage par étapes. Tout le monde n’habite pas dans des immeubles modernes, mais la majorité accède à de bonnes routes, à l’électricité, à Internet et à une éducation de base. Ce n’est peut-être pas un modèle idéaliste, mais c’est concret, pragmatique et plus inclusif.

  3. 我不太了解哈萨克人,但说中国人“更在意机器、不在意人”这个判断其实挺片面。中国人普遍性格更内敛,而且语言不通的情况下,本来也没有随便搭讪陌生人的文化,很多时候保持距离是一种尊重和礼貌,不是冷漠。其实你也会发现,很多人会好奇地看着你、拍照,只是不好意思主动开口。如果你主动微笑或者简单说一句“你好”,我相信你会更多感受到中国人的热情。


    Je ne connais pas très bien les Kazakhs, mais dire que les Chinois “s’intéressent plus aux machines qu’aux gens” est une vision assez réductrice. Les Chinois sont généralement plus réservés, et dans un contexte où la langue est une barrière, il n’existe pas vraiment de culture de l’abord spontané des inconnus. Garder une certaine distance est souvent une forme de respect, pas d’indifférence. En réalité, tu remarqueras que beaucoup de gens te regardent avec curiosité, te prennent en photo, mais n’osent pas te parler. Si tu leur souris ou que tu dis simplement “ni hao”, je suis sûr que tu sentiras bien plus leur chaleur humaine.

    1. Avatar de Claude Brouir
      Claude Brouir

      Coucou Alicia.
      Tout ce que je vois et que je ressens, tout ce que j’observe ou ce qui m’étonne va nous donner l’occasion de beaucoup de débats !
      Je ne porte pas de jugement… souvent je m’interroge.
      Et je ne relate que ce que je vis !
      Bisous !

      1. 嗨 🙂
        我完全理解你不是在评判,而是在分享你的观察、好奇和让你感到惊讶的事情。但有时候,我们感到“惊讶”本身,其实也说明我们是带着某种期待或文化参照在看世界。你觉得特别或不同的现象,对我们来说可能只是很日常的事。
        我很珍惜我们能就这些话题交流。我也觉得,有意识到彼此文化背景不同、不一定通用,是很重要的。
        当然我知道你完全没有恶意。不过,老实说,你的表达其实还是包含了一些文化判断,只是方式比较温和罢了。而这种现象其实很常见,尤其是来自长期以欧洲为中心的文化背景的人,常常会觉得自己在“客观观察”,但实际上已经在无意识地套用了自己的视角去解读世界。
        无论如何,我真的觉得你的分享很有意思——不然我也不会花这么多时间认真回复你 😉
        很快再聊!


        Coucou 🙂
        Je comprends tout à fait que tu ne cherches pas à juger, mais à partager ce que tu observes, ce qui t’intrigue ou t’étonne. Mais parfois, ce simple étonnement montre qu’on regarde le monde avec certaines attentes ou références. Ce qui te semble inhabituel ou surprenant peut être, pour nous ici, parfaitement ordinaire.

        Je trouve ça vraiment précieux qu’on puisse échanger là-dessus, et je pense que c’est important aussi de garder en tête que nos cadres culturels respectifs ne sont pas nécessairement universels.

        Je sais bien que tu n’as aucune intention négative, vraiment. Mais ce type de regard reste, d’une certaine manière, une forme de lecture culturelle — formulée de façon douce, bien sûr. Et c’est très courant, notamment chez ceux qui ont grandi dans une culture où l’Europe a longtemps été la référence centrale : on croit simplement observer, alors qu’en réalité, on applique inconsciemment ses propres filtres.

        En tout cas, je trouve ton regard toujours intéressant, sinon je ne prendrais pas le temps de te répondre aussi longuement 😉

        À très vite !

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