On s’enfonce dans l’Anhui

17 août.

Ce qui est intéressant avec la densification progressive, c’est que l’intervalle entre les agglomérations et entre les villes diminue et les possibilités de trouver un hébergement sont plus fréquentes et plus rapprochées. Dès lors, on peut davantage moduler les étapes et les endroits où s’arrêter. Aujourd’hui, il était prévu de faire 45 km jusqu’à Mengcheng. Mais comme on s’est mis en route assez tôt, on entrevoit d’arriver à l’étape avant midi. Aussi, lors de la pause dans une station service climatisée, on décide de modifier la destination, de faire plutôt 80 km aujourd’hui, en envisageant une nouvelle destination pour demain, Fengyang, qui a un plus grand intérêt touristique. Ce sera 73 km demain. Comme le site de réservation d’hôtel permet l’annulation, parfois même au-delà de l’heure du check-in, ce qui nous a été bien utile à Xi’an, aucun souci, on annule l’hôtel à Mencheng et on réserve l’hôtel à Longkang.

L’étape du jour, c’est une moitié sur la S209, route provinciale, passage de Mengcheng, puis la G329, route nationale. Les deux grandes portions sont donc sur des routes 2×2 bandes avec berne centrale et un dégagement très large équivalent à une bande de circulation. On pourrait penser: trajet tout à fait tranquille. Néanmoins, il faut tenir compte de tous les membres de la FéChiE: Fédération Chinoise des Énergumènes. Ils sont au moins un milliard dans cette fédération. Divisée en deux sections, les PCR, « partisans du coupage de route », et les ACS, « adeptes du contresens ». Certains sont joyeusement dans les deux sections. C’est ainsi que sur ces routes toutes droites et toutes plates, où on pourrait s’endormir, il faut garder toute son attention pour le moment où vont surgir ces énergumènes. À un moment donné, la bande d’arrêt d’urgence est condamnée par des palissades et cache donc des travaux, puis elle s’interrompt sur 50 mètres, reprend ensuite. Dans l’intervalle, un énergumène en camionnette, utilisant la technique du « le nez passe, tout va passer », s’engage donc, non seulement comme coupeur de route, mais comme adepte du contresens. Le voilà donc sur la route principale, en sens inverse, à un endroit où il n’y a pas de bande d’arrêt d’urgence. Et moi, je suis obligé de monter sur les freins et de me déporter sur la droite pour l’éviter. Plus loin, ce sera une petite moto 50 cm3, PCR et ACS également, et pour finir, une voiture qui, elle, n’a eu d’autre choix que de monter sur les freins pour nous éviter. La vigilance permanente est de mise.

Nous ne sommes pas les seuls cyclistes sur cette route. Nous dépassons un cyclo chinois. Il y a aussi des transports impressionnants. Un camion transportant des ballots de paille, qui, lorsqu’il fera demi-tour, occupera toutes les bandes de circulation, dans un sens et dans l’autre. On passe à côté de l’entrée monumentale d’un cimetière, et on découvre quelques belles maisons, avec des portes en fer forgé, et de belles couleurs. À un moment donné, surprise, une grande roue, visiblement sur le site d’un parc d’attractions. Entre Guoyang et Mencheng, on découvre dans une zone d’activites d’immenses bâtiments, certains en construction, d’autres visiblement abandonnés. Sur les constructions, on peut voir un assemblage d’échafaudages faits avec du bambou. Autour de Mengcheng, avant et après, ainsi qu’en ville, la route n’est pas terrible. C’est du béton, des plaques, avec des fissures et des intersections mal finies. À cette hauteur-là, on retrouve une poche de pauvreté.

À Mengcheng, qui était notre destination originale, nous faisons un arrêt dans un parc avec des pagodes que nous avons pointées comme visite possible.

Après Mengcheng, on retrouve une très longue zone d’activité économique. De temps en temps, des villages ou des zones d’habitat. L’habitat est encore plus élaboré, avec des étages, avec des balcons, des terrasses. Et maintenant apparaissent des énergies renouvelables, panneaux photovoltaïques ou thermiques.

Il est début d’après-midi lorsque l’on arrive à notre hôtel. À ce moment, il y a 39 degrés indiqués sur le thermomètre de mon vélo. Avec toujours cette chaleur subtropicale, le ressenti étant au-delà de 40. J’avais un peu hésité au moment de proposer le changement de destination, car ici, il y a peu d’offres d’hôtels. Mais la toute bonne surprise, c’est que nous arrivons dans un hôtel familial où nous recevons un très bel accueil, par une gérante qui a un vélo dans l’étagère juste derrière elle, hôtel qui est particulièrement propre.

De la fenêtre de ma chambre, j’ai une vue sur les toits des habitations et des rues voisines. Cela permet de mieux appréhender ce qu’est un petit logement modeste dans cette région de la Chine.

Aujourd’hui, j’ai dépassé les 8 500 km roulés et à 8 km près, les 4 000 roulés en Chine. Ce sera pour demain. Et donc, deux occasions de festivité.

Photo sur Polarsteps.