28 août

Hier soir, des amis de David nous ont emmené dans un hotpot des produits de la mer. Le hotpot, c’est la cuisson au bouillon que vous gérez vous-même. Ici, ce n’est pas un bouillon central commun à toute la table, mais chacun dispose de sa propre casserole. Dans le cas de ce restaurant, on passe d’abord dans une pièce où se trouvent tous les aquariums avec les crustacés passer sa commande, qui vous est ensuite livrée dans une salle privée. Dans ce cas, un certain nombre des animaux ne sont pas tout à fait morts.

Bien que ce jour soit le jour de la dernière étape en ligne, je passe une bonne nuit, et on se retrouve pour le petit déjeuner à 7h30. Signe qu’on approche de la ville la plus internationale de Chine qu’est Shanghai, pour la première fois, il y a des fourchettes à disposition.

Ensuite, pour la dernière fois, c’est ma routine du matin, que je ne regretterai pas vraiment, la nécessité de faire un check méthodique de chacune des sacoches, pour vérifier n’avoir rien oublié.

Comme annoncé, il est pile 8h30 lorsque nous nous mettons en route. Les 80 kilomètres que nous allons parcourir sont une seule et même agglomération urbaine. On peut découvrir des tas de bâtiments différents, de très grosses entreprises, de temps en temps un peu de zones agricoles, mais il y a de moins en moins de place pour elles. L’étape est annoncée avec 144 feux de circulation. On est donc souvent arrêtés aux feux rouges pour une longue période, ce qui permet d’être observé par les autres usagers de moyens de mobilité douce. La majorité du trajet se fait sur la désormais très célèbre G312, sur laquelle à mi-trajet, nous faisons un arrêt, comme d’habitude dans une station-service, où nous sommes évidemment l’attraction. On se remet en route pour découvrir une statue monumentale ou une signalisation pour les piétons en forme de totem.

À 30 kilomètres du but, voici le moment attendu, le poste de contrôle à la frontière entre la province du Jangsu et la ville de Shanghai, qui a un statut particulier. C’est un moment émouvant. Ce n’est pas encore le but du voyage, puisqu’il faut rejoindre le centre-ville et qu’il y aura des circuits locaux jusque dimanche, mais on peut considérer qu’à partir de maintenant, « Bike to Shanghai » c’est abouti. Moment d’émotion pour moi.

À cet endroit, le bureau des affaires extérieures de Shanghai a dépêché une personne avec qui je corresponds depuis quelques jours. Je trouve là également deux motards de la police de Shanghai. Nous allons donc bénéficier d’une escorte, dans un dispositif visant à nous protéger et à parer à tout problème. Nous n’avons pas le statut présidentiel qui permettrait qu’à chaque carrefour on enclenche la sirène et qu’on passe le feu rouge. Ici, nous restons sur la voie réservée aux petits véhicules, avec devant et derrière un motard. Il faudra donc bien se coltiner tous les feux rouges. Je me rends compte que cette situation fait en sorte que je perds complètement mon daltonisme. Mais le plus marrant, c’est que les Chinois, qui ne sont jamais en manque de prendre une liberté avec les feux de signalisation, au vu de cette présence policière, deviennent très très sages et très respectueux des règles.

Je vois passer dans le ciel beaucoup d’avions qui sont en approche de l’aéroport de Pudong et je pense que demain tôt au matin, j’irai y accueillir Joëlle, qui prend un vol depuis Bruxelles cet après-midi.

Il est quelques minutes après 13 heures que l’escorte nous dépose à l’hôtel. Il fait de nouveau 39 degrés. Et en rangeant mon vélo, je prends conscience que je suis au bout… j’y suis arrivé. Il ne restera que deux tours d’honneur, samedi et dimanche, pour clôturer le voyage. Le responsable du bureau des affaires étrangères de la ville de Shanghai se trouve à l’hôtel. Il a même vérifié qu’il y avait bien une chambre à mon nom. Et il se montre aux petits soins afin de faciliter mon séjour. Les policiers continueront à m’assister. Ils s’inquiètent de connaître mon programme des prochains jours.

Les étapes en ligne sont terminées. Le voyage au global fait un peu moins de 12.400 kilomètres. Et j’en ai roulé un peu moins de 9.200, durant ces 132 jours.

Je reçois de Belgique, de France et d’ailleurs des dizaines de messages de félicitations, auxquels je tiens à dire un grand merci. Il restera trois publications, vendredi, samedi et dimanche, pour clôturer ce blog. Et j’espère que vous serez nombreux pour assister au live Facebook de bike2shanghai, dimanche à 10h du matin heure belge, pour le passage officiel de la ligne d’arrivée dans les murs du consulat belge de Shanghai.

Photos sur Polarsteps