Ligne d’arrivée au Consulat

Mesdames et Messieurs, en vos titres et qualités, merci d’être là

Monsieur le Consul Général.Nous nous sommes rencontrés pour la première fois en novembre 2024 lorsque je suis venu vous annoncer que je reviendrais le 31 août 2025, mais après quatre mois et demi de vélo. Vous vous êtes montré immédiatement enthousiaste à l’idée de ce projet fou et vous avez proposé que l’arrivée officielle ait lieu dans le magnifique parc du Consulat. Nous avons échangé par la suite et j’ai senti que vous aviez pris la mesure de la difficulté du projet. J’ai senti comme un doute. Je voudrais vous rassurer, le doute était bien présent chez moi aussi. Ça me paraissait un peu présomptueux d’annoncer une date d’arrivée pour une telle aventure. En effet, celle-ci peut s’arrêter chaque jour à cause d’une maladie, d’un accident, d’une blessure, d’une casse mécanique ou même une interdiction de rouler: mon vélo est une sorte d’ovni pas tout à fait homologué. Mais je suis là aujourd’hui au rendez-vous et je ne suis moi-même pas tout à fait revenu de ma surprise d’y être.

Si ce voyage était un repas, ce serait un menu quatre services.

En premier il y a eu les zakouskis européens. D’abord la Belgique dont je suis sorti en deux jours et encore parce que j’ai fait un détour par Namur. Ensuite l’Allemagne avec un transfert en camionnette. Puis la Pologne avec pour la moitié un deuxième transfert en camionnette. Puis le début des kilomètres roulés en Pologne sur la route des cigognes entre l’enclave de Kaliningrad et le bunker d’Hitler. Ensuite la Lituanie et la magnifique ville de Vilnius. Et pour terminer la Lettonie qui se traverse aussi vite que la Belgique.

Cela m’a amené début mai à commencer à déguster l’entrée de mon menu, la Russie. Un mois et dix jours pour 3800 kilomètres sur la grande diagonale passant par Moscou, Kazan, Ufa et Omsk.

Il y a eu ensuite l’entremets kazakh tout à l’est du pays dans la steppe le long de la rivière Irtysh, avec les villes de Pavlodar puis Semey.

J’ai quitté le Kazakhstan le 30 juin pour entamer le plat consistant de mon menu, la Chine. A elle seule la moitié des kilomètres roulés, 4.600 et pratiquement deux mois pour la traversée du nord-ouest vers le centre-est. Et ainsi la traversée des provinces chinoises du Xinjiang, Gansu, Shaanxi, Henan, Anhui, Jiangsu avant d’arriver à Shanghai jeudi dernier.

C’était un solide menu qui m’a bien rassasié.

Mettre les deux grands pays que sont la Russie et la Chine dans un même voyage permet de faire la comparaison et de situer l’orientation que chacun des deux a pris. Le contraste est flagrant entre l’ambiance militaire de la Russie, sa nostalgie du passé et son peu de culture cyclable, et la Chine avec son développement rapide, son regard résolument tourné vers l’avenir et son choix de faire une vraie place aux petits véhicules dont les vélos.

Et entre ces deux géants, je garderai dans mon cœur la chaleur humaine de l’accueil kazakh, l’enthousiasme, la spontanéité, la générosité de ses habitants qui m’ont couvert de fruits, de légumes, de boissons et même d’argent. Qui m’ont offert un concert sur le bord de la route.

Il y aura des tas de choses à raconter qui, à chaud, sont encore toutes en vrac. Je ne sais pas encore si ça prendra la forme d’un livre, d’un film ou d’autres supports.

Aujourd’hui que le voyage est terminé et que le pari est réussi, je voudrais adresser plein de remerciements.

Je vais peut-être vous étonner mais je vais commencer par dire merci à mon vélo. Ça a été mon compagnon de route à qui j’ai parlé chaque jour, j’ai pris soin de lui, il a pris soin de moi. Par contre il a fallu dire adieu a la remorque, après plusieurs casses.

Je voudrais ensuite remercier ma compagne Joëlle qui non seulement m’a laissé partir 4 mois et demi mais en plus a été mon plus grand supporter, et mon community manager assurant chaque jour la gestion des réseaux sociaux.

Puis je voudrais remercier tous ceux qui ont facilité mon voyage car si je suis parti seul, j’ai eu plein de points d’appui dans tous les pays qui m’ont aidé d’une manière ou l’autre.

Dès la Belgique, mon ami André Jacquinet venu me chercher à Andenne puis qui m’a hébergé et m’a emmené à Aix-la-Chapelle pour charger la camionnette.

In Poland, Thomas Loga came to the German border to pick me up and take me to Szceszin, where I boarded a van. And Piotr Ambrosiak who was in Olstyn waiting for me overnight to give me the key to my hotel.

Then in Russia, Anton Sazonov, head of Vélorussia in charge of cycling route development, hosted me in Ufa and introduced me to many other people. Svetlana and Yaroslav in Moscow, who take care of me for three days, The Rotary Club of Nizhny Novgorod, Gaia and Dima who welcomed me and let me visit the city. Ildus Yanichev in Kazan, also a Rotary member and host of WarmShowers, where I spent five days. And then in Omsk, Alexeï & Eldar who hosted me and gave me technical support and a transfer.

In China, I would like to thank Sam Pang, who accompanied me for two weeks after picking me up at the Kazakh border. He was supposed to be here today, but he can not. I’m going to send him the gift I have for him. And then David and Zheng Wei, who gave me five weeks of their time to ride with me from Lanzhou to Shanghai. I’d like to give them this little gift.

Si j’ai fait ce voyage, c’est pour rendre visite à mon fils Aurélien établi en Chine avec sa partenaire Alicia. Qui eux aussi m’ont soutenu. Je ne savais pas si j’arriverais à bon port mais c’est une très très grande joie d’être arrivé jusqu’à Shanghai pour les retrouver.

Si j’ai fait ce voyage, c’est aussi pour célébrer la rémission du cancer qu’on m’a découvert en 2017 qui a été opéré début 2024 et après lequel j’ai la chance d’être en grande forme. La survenance de la maladie a changé ma philosophie de vie. Au lieu de dire « à la retraite je vais faire », j’ai plutôt décidé que lorsque l’occasion se présenterait, je saisirais le moment. Si moi j’ai la chance d’être en bonne forme après la maladie, ce n’est pas le cas de tous et toutes. Beaucoup doivent faire de gros efforts pour un retour à la vie active, retrouver la forme. C’est pour ça qu’il existe des institutions et projets qui s’occupent de la revalidation des personnes qui ont été touchées par le cancer. J’ai choisi de rouler au profit de ces associations. Re-source, la maison qui accueille les personnes touchées par le cancer sur la région bruxelloise et 100 kilomètres au-delà qui emmène 10 femmes faire un trek après avoir eu un cancer du sein. De Re-source, j’ai emmené en voyage Mr Zen, qui a été mon confident… A ce stade, 7000 euros ont été récoltés au profit de ces associations. On avait un objectif a 12.000, autant que de kilomètres. Nous comptons sur la générosité de tous pour boucler et atteindre l’objectif. Maintenant que les kilomètres sont effectués, ils peuvent effectivement être parrainés.

Mais prévenir vaut mieux que guérir ! J’ai la conviction que la multiplication des cancers a un lien avec la dégradation de notre environnement. J’espère que par delà les frontières, dans tous les pays du monde, les citoyens et les gouvernements continueront a se mobiliser pour la préservation de notre planète, pour la qualité de l’air, la qualité de l’eau, la qualité de l’alimentation. Et pour limiter notre impact sur l’environnement.

Je voudrais remercier tous ceux qui au pays m’ont suivi depuis le début du voyage, et même roulé les premiers kilomètres, qui ont senti mes coups de mou et m’ont envoyé des encouragements, ont commenté, ont conseillé, ont soutenu. En pensant d’abord à ma famille.Vous étiez très nombreux à lire le blog, à regarder les photos, peut-être à être devant le live aujourd’hui. Ça faisait chaud au cœur de me sentir ainsi porté.

Je voudrais aussi remercier les entreprises qui ont sponsorisé le projet et les associations, et particulièrement notre major sponsor, la Brasserie de l’Amitié, qui a été créée, elle aussi, dans le contexte du cancer. Merci également à Max, à Eole-lien, à trois Rotary, Bruxelles-Altitude, Hastiere, Auvelais-Basse-Sambre, à Azub, à Iris, a Enersol et enfin au Perron de L’ilon et aux Caprices d’Harmony qui ont accueilli les soupers d’avant-voyage.

Je termine en remerciant la ville de Shanghai pour l’accueil, la cérémonie d’hier, au pied de la tour de la Perle d’Orient, et au Consulat de Belgique pour avoir organisé cet événement aujourd’hui avec la communauté belge de Shanghai.

Les routines des 135 derniers jours s’arrêtent maintenant. Ce sera sans doute un peu perturbant. Je vais maintenant prendre le cinquième plat de mon menu, le dessert. Trois semaines de découverte de la Chine, Shanghai, Pékin et Canton, avant de reprendre un vol au départ de Shenzhen le 21 septembre prochain.

Il me reste une dernière chose à dire : je cherche du boulot à partir du 1er octobre prochain. Ce n’est pas tout de partir en voyage avant la retraite, mais il me reste deux ans à bosser. Si quelqu’un pense que je pourrais lui être utile…

Bike2shanghai, d’un petit bout de Chine en Belgique vers un petit bout de Belgique en Chine, c’est fini. C’était génial !

Il me reste a vous remettre, monsieur le Consul Général, le cadeau que m’a confié l’Ambassadeur de Chine a Bruxelles, une illustration des routes de la soie, puisque mon voyage parcourait une de ces routes…

Photos sur Polarsteps


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