30 avril
La nuit a été bonne malgré qu’il ait fallu intervenir deux fois auprès de mes voisins de chambre, des ouvriers lituaniens qui visiblement aiment bien faire la fête le soir à l’hôtel. Ils sont tous partis quand je prends tout seul mon petit déjeuner et je me rends compte que la réceptionniste a devant elle mon site internet et a compris pourquoi j’étais là. Elle me souhaite tout le meilleur pour la suite.
Je démarre à 8h30, c’est plein soleil et je me dirige vers la grande route, la même que celle qui m’a amené à cet endroit hier. Grosse différence, il y a maintenant une bande d’arrêt d’urgence suffisamment large et ce n’est plus des bandes rugueuses mais une ligne lisse qui se trouve à droite, c’est nettement plus confortable. Cela dure au moins 25 km comme cela.
A ce moment il n’y a pas de vent, il fait ensoleillé, tout est parfait. Je me rends compte qu’en fait il n’y a pas de vent au sol mais qu’il y en a en altitude, qui vient du sud donc de derrière moi et qui pousse les nuages. On est donc dans une course contre la montre.
Je décide donc de poursuivre et de ne m’arrêter que pour mon rendez-vous avec Bell RTL à 10h50, je suis déjà presque au kilomètre 50. Jusque là la route n’a pas été très encombrée et les paysages sont de nouvelle fois une succession de lacs et de temps en temps une cigogne. Fin de matinée je passe la frontière entre la Lituanie et la Lettonie.
Me voici donc au pays de Piotr le Letton, un des romans de Georges Simenon avec le commissaire Maigret. Je suis une demi-heure en avance pour le rendez-vous que j’ai avec des étudiants chinois dans la ville suivante de Daugavpils et c’est sous une fine pluie que j’y arrive. Après quelques photos nous prenons un café ensemble et visiblement ils ont peur que je sois affamé et m’offrent tous à manger.
Pendant la pause j’ai consulté la météo qui annonce à coup sûr de la pluie dans l’après-midi. Je me remets en route et puis m’arrête assez rapidement en me rendant compte que je n’ai aucune réponse du logement auquel je pense m’arrêter ce soir. J’appelle mais l’interlocuteur ne parle pas anglais. J’attends donc que trois jeunes gens passent sur le trottoir, je leur demande s’ils parlent anglais, je leur explique mon problème, je leur donne mon téléphone et eux se débrouillent en letton avec la réceptionniste qui a visiblement peur de ne pas pouvoir communiquer avec moi et qui veut savoir tout, ce que je veux manger ce soir, ce que je veux au petit-déjeuner, bref on fait la liste complète des commandes. Je me remets en route et je quitte donc la ville sans avoir mangé en me disant que tant qu’il y a du soleil, tant qu’il n’y a pas de pluie, je vais avancer. Je me mettrai à l’abri et je mangerai lorsque la pluie viendra.
Je reprends la nationale qui cette fois n’a plus de bande d’arrêt d’urgence. Je remets la technique habituelle en place: se tenir à 50 cm de la ligne de bord, pour contrer toute tentation de me frôler, et ouvrir la porte en se décalant à droite lorsqu’il n’y a plus personne en face. Et fermer la porte à un 30 tonnes avec un vélo, ça le fait. Mais les conducteurs Lettons sont plutôt sympa.
Cette fois j’ai un petit vent arrière, le soleil étonnamment a percé de nouveau et j’avance bon train. Je me dis que je vais finir par être à l’étape avant d’avoir mangé, je m’arrête donc pour prendre une demi baguette à l’ail offerte par un des chinois et je la découpe et la mange par petits morceaux tout en roulant. Les 35 km sont vite avalés et je me pose la question de savoir si je vais vraiment m’arrêter ou si je vais continuer au-delà pour gagner du temps sur la journée de demain.
Ce dilemme dure toute la durée des 35 km entre Daugavpils et mon logement. Avant de tourner je m’arrête, je vérifie la météo de demain pour constater qu’elle est annoncée comme ensoleillée et puis je me rappelle de ce que m’a souhaité un des participants à un des soupers en me disant « bonne promenade ». Rien ne sert de forcer, je suis au-delà des 100 km, je suis dans mon timing, le but n’est pas de faire des folies.
Je mets donc le clignotant à gauche et je me rends au logement qui est en fait un grand centre avec un hôtel, des chalets et plein de services mais visiblement on n’est pas encore en saison et donc je pense que je suis le seul. On m’offre une magnifique chambre et comme je fais la grimace lorsque on m’indique le prix, celui-ci est raboté de 40% illico. Il faut dire qu’ils sont stupéfaits de voir arriver pareil équipage dans leur hébergement.
Je m’installe donc, une petite douche avant le repas de ce soir et une dernière vérification que tout est en ordre pour demain où je devrais vraisemblablement tenter un premier passage de la frontière russe. Par sécurité j’ai réservé deux logements, un motel à la frontière côté letton et une auberge à la frontière côté russe, l’un ou l’autre pouvant être annulés sans frais. Avec ça je suis sûr de pouvoir trouver un logement car je ne suis pas comme les camionneurs ou comme les automobilistes en capacité de loger dans le mien.
Dernière nuit en Europe, peut-être, qui sait. Par ailleurs, je reçois un message de Sam Peng, mon ami chinois, qui m’annonce que ce ne sera pas deux chinois qui viendront au Xinjiang pour m’accompagner mais vraisemblablement six. Voilà qui va faire une fameuse équipée.
La vie est belle et avec monsieur Zen on ne s’est toujours pas disputés.
Photos sur Bike2Shanghai by Claude BROUIR | Polarsteps
Commentaires
2 réponses à “Entrée en Lettonie”
Et comment s est passé l interview avec Rtl. Hier tu annonces à 9 h 50 donc je regarde..mais je ne vois rien…..normal puisque en fait c était à 10h50.
Pas grave
As-tu des accompagnateurs pour entrer en Russie ?
Coucou mon neveu, quel courage , prends soin de toi , qui va piano , va sano . Et aussi qui va loin , ménage sa monture .