Nids d’autruche sur la M9

4 mai

Le match à suspense de l’Union Saint-Gilloise m’a tenu éveillé tard hier soir, décalage horaire compris. La nuit est bonne malgré l’inquiétude que le vélo soit resté dehors, attaché à un banc et recouvert de son habit de nuit fabriqué par Jo, pas tellement pour la pluie cette fois, mais pour le dissimuler au regard des passants. Le personnel m’a assuré qu’il était en sécurité, même s’il était à vue de tous, puisque du personnel était là toute la nuit et que les caméras de surveillance permettaient de l’avoir à l’oeil.

Comme la pluie est annoncée dans l’après-midi, j’ai résolu de me lever à 7h00 pour être parti à 8h00. Je retrouve la même équipe que celle d’hier soir, à la fois au service, à l’entretien, à la gestion de la station service ou du shop, je ne sais quelle est la durée de travail de ces gens.

Je me mets en route et le premier animal que je vois est un canard colvert qui passe juste devant le vélo. À un moment donné, un grand panneau jaune indique que des travaux de réfection de la voirie sont en cours, depuis 2023, du kilomètre 342 au kilomètre 321. J’espère que je ne vais pas me retrouver avec une voie unique, comme ce fut le cas précédemment. Des travaux, je n’en verrai pas. Mais par contre, sur ces 21 kilomètres, la route est tout d’un coup mauvaise, avec des trous qui sont plus des nids d’autruche que des nids de poule et qui m’obligent à prendre le milieu de la bande. Heureusement, en ce moment, la circulation n’est pas encore trop dense et les véhicules qui viennent dans le même sens que moi peuvent dégager facilement en mettant les quatre roues sur la bande de gauche. Premier arrêt au kilomètre 35, puis je me mets en route pour un second run où, petit à petit, le ciel se couvre et le soleil se fait moins présent. La batterie diminue plus rapidement que les jours précédents.

Petit à petit, on sent qu’on quitte tout doucement le Far West de la Russie pour rapprocher vers des zones plus habitées, avec davantage d’activité. Plus de motels, et même des échoppes de fourrure ou d’animaux empaillés le long de la nationale. Cela entraîne aussi une densification du trafic qui nécessite une attention de tous les instants, tant les véhicules sont rapidement dans mes rétros.

Au passage je me rends compte que le prix du carburant est autour de 0,60 € le litre. Et je croise ma première voiture de police…. Le conducteur est en train de me filmer…

J’ai identifié un hôtel dans un patelin qui se trouve à cinq kilomètres à droite de la M9. Cela m’inquiète un peu de la quitter parce que jusque-là, tout chemin de traverse était un chemin en gravel ou un chemin de terre, mais ici, le patelin en question est annoncé depuis 100 kilomètres, j’imagine dès lors qu’il est de bonne taille, et relié par une route macadamisée. Pour le macadam, c’est effectivement le cas. Par contre, il ne s’agit que d’un village, pas très grand, dont je suis immédiatement frappé par le niveau de pauvreté, des petites maisons en très mauvais état, des taudis, des bâtiments abandonnés. J’arrive sur ce qui doit être la place du village, cernée de commerces qui, dans ce pays, sont sans enseignes et sans vitrines. Je suis l’objet de tous les regards, certains filment, d’autres commentent entre eux. J’arrive à l’adresse de l’hôtel, cela me semble un bâtiment administratif, mais il y a bien une pancarte à côté de la porte. Je sonne, je rentre, on dirait le hall d’un pensionnat. Un panneau indique que l’hôtel est au deuxième étage. Je monte dès lors et je rencontre une réceptionniste qui m’indique que, à cause des festivités du 9 mai, l’hôtel est complet, qu’il n’y en a pas d’autre dans cette localité, et qu’il me faut reprendre la M9 pour trouver un motel à 19 kilomètres. Je me remets en route à l’heure où la pluie était annoncée, il s’agissait en fait d’une petite bruine avec quelques gouttes seulement. Je refais les 5 kilomètres vers la M9 que je reprends pour effectivement trouver le motel, situé comme hier sur le site d’une station-service avec le même type de personnel, une personne à la caisse, une personne qui s’occupe du remplissage des réservoirs et qui se trouve sur le parking, une personne au shop et une personne qui gère le motel. Visiblement, celui-ci n’est pas très fréquenté, on me donne la chambre 1, à 3 lits mais je serai seul à l’occuper, et en dernière minute, on y apporte des essuies, du papier toilette, etc, montrant que ce lieu n’est pas fréquenté très souvent. J’installe le vélo pour une recharge étant donné le faible ensoleillement de la journée, je lui mets aujourd’hui aussi son habit de nuit, là pour le protéger de la pluie qui redouble et devrait durer jusqu’à tard ce soir.

La pluie, le gris, le côté un peu minable de l’endroit, le côté usant de la navigation sur cette grande route et la trop petite nuit me donnent un peu le blues ce soir…

Je suis à distance le déroulé du match de Romain pour le tour final de première provinciale qui se solde par une défaite de Grand-Leez, malheureusement. Bref, il n’y a rien qui va aujourd’hui.

Il me reste moins de 300 km pour arriver à Moscou, 3 étapes comme prévu, sans doute plus courtes, 2 sur la M9 qu’il faudra encore bien se farcir, et la dernière par une parallèle, tout ça pour bénéficier de 2 jours off qui seront les bienvenus.

Photos sur Bike2Shanghai by Claude BROUIR | Polarsteps


Commentaires

3 réponses à “Nids d’autruche sur la M9”

  1. Avatar de Georges Gilkinet
    Georges Gilkinet

    Allez Claude, on garde le cap.
    Bonne suite à toi.
    Et merci de continuer à nous informer !

  2. Avatar de Philippe
    Philippe

    Courage Claude 💪. C’est dans les moments de doute et de frustration que ton esprit créatif et constructif va se mettre à fonctionner 💪💪

  3. Avatar de Alain Bonus
    Alain Bonus

    Bon courage, Claude. Comme l’Union, il reste trois étapes pour le sacre! 💪💪👍😉🎶