14 juillet
Hier Sam a trouvé plus d’intérêt dans la finale de Wimbledon pour les hommes et est donc resté devant la télévision fort tard. On peut se le permettre puisque demain c’est jour de transfert. Pour ma part, moi j’abdique bien avant la fin. On se laisse dormir jusqu’à 9h30, puis on se rend compte que les petits déjeuners sont servis jusqu’à 10h. Dès lors, on se presse de rejoindre le restaurant.
Hier soir, Sam a négocié avec un transporteur.. Ce transfert’était prévu 1- parce que la G312 et la G30 sont une seule route, expressway, interdite aux vélos (détour de 500 kms évité) 2- pour avoir un rythme raisonnable jusque Xi’An le 30. Le transporteur est de la ville qui est notre destination, Guazhou. Il viendra donc jusqu’à Hami pour charger et retourner vers chez lui. Les discussions sont longues parce qu’il faut vérifier que son petit véhicule correspond bien. Mon vélo fait 1m25 de haut, sa camionnette 1m30. Son fourgon fait 2m40 de long, j’ai besoin de 2m30. En largeur, 90cm pour moi, plus le vélo de Sam. Ca semble rentrer. On valide donc le transport et Sam négocie le prix. Il est convenu qu’il arrive à 11h30 et il est à l’heure. Je suis au magasin pour les provisions de la journée au moment où il arrive. Lorsque je suis de retour, le vélo est déjà à l’intérieur. Il n’y a pas d’arceau de fixation. Ça discute donc pas mal pour l’attacher correctement et veiller à ce que le toit solaire, fort proche de la carrosserie, à droite et à l’arrière, soit protégé. Je suis seul à prendre place dans le véhicule parce qu’il n’y a que 2 sièges. Sam, lui, va prendre le train plus tard et puis un bus pour rejoindre l’hôtel en premier. On démarre. Une alarme intermittente et stridente sonne. Je dis avec le traducteur qu’il doit y avoir une porte mal fermée. Le chauffeur me dit non. Il me montre un voyant qui clignote. C’est celui du carburant CNG. Je me dis dès lors qu’il va faire le plein et que ça va ensuite s’éteindre. Il me fait signe qu’il n’y a pas de problème. Le plein est fait. Je comprends donc que cette alarme intermittente va sonner pendant les 5h prévues du trajet. Au final, ce ne sera pas 5 mais 6h. Pour couvrir le bruit, il met la radio plus fort, et parfois se met à chanter, ce qui fait une fameuse cacophonie. Après les grands boulevards de la sortie de ville, c’est directement le désert de Gobi qui commence. La route que nous traversons, qui est à la fois une expressway, la G30, interdite au vélo, et une nationalway G312, n’est qu’un chantier pour ajouter une bande de circulation. Puis on voit des routes en construction qui croisent, des installations électrique et des champs d’éoliennes. La circulation est dense et il y a pas mal de camions, certains étant hors gabarit, leur largeur dépassant la largeur d’une bande de circulation, ce qui rend sportif le dépassement, coincé entre la glissière de sécurité et le camion. La conduite est particulière, on se tient à gauche ou à droite, et donc on dépasse à droite si on est à gauche, à gauche si on est à droite, et si droite et gauche sont occupés, on peut même dépasser par la bande d’arrêt d’urgence. Sam a négocié que le chauffeur ne fume pas pendant le trajet, néanmoins il garde sa cigarette au bec et on sent l’envie de l’allumer. Arrive la première aire de service où on s’arrête pour une pause technique. J’en profite pour aller dans une de mes sacoches chercher mes bouchons d’oreilles, le bruit dans la cabine est épouvantable. Mes bouchons ne l’empêchent pas totalement mais l’atténuent fortement, c’est beaucoup plus supportable. Après 200 km arrive le point de contrôle de la sortie de la province du Xinjiang. Pour le rejoindre il y a un morceau de route très mauvaise et un très méchant casse vitesse.Le vélo tape lourdement la carrosserie aux deux endroits. Le chauffeur présente sa carte d’identité, puis tend au préposé mon passeport. Comme je ne suis pas un national, on m’invite à rejoindre le bâtiment à droite pour un contrôle plus poussé. D’où venez-vous ? Où allez-vous ? Donnez-moi votre numéro de plaque d’immatriculation, quel est votre numéro de téléphone ? Une série de questions qui ne sont pas toutes pertinentes pour moi. Après une dizaine de minutes on me laisse aller. On reprend dès lors la route. Arrive le second contrôle de police, celui de l’entrée de la province de Gansu, mais là ça se passe plus rapidement. Le préposé se contente de faire des photos de mon passeport et de la plaque d’immatriculation du véhicule qui me transporte. Il pose quelques questions au chauffeur. Nous pouvons partir. On fait un deuxième arrêt dans une aire de service, neuve et totalement moderne, avec bornes de recharge pour les véhicules électriques, WC avec personnel d’entretien, et petits magasins pour acheter boissons et de quoi se restaurer. À 70 km de Guazhou, le GPS indique qu’il reste trois quarts d’heure, mais voilà que le chauffeur sort de l’expressway, reprend la route nationale, qui la longe à gauche, à droite, en passant au dessus, en dessous, ce changement entraînant vingt minutes de plus. Je demande au chauffeur pourquoi il fait ça, étant donné qu’il me semblait avoir compris que c’est moi qui payais les péages. Ce que je ne savais pas c’est qu’en fait Sam a négocié un forfait, et donc le chauffeur cherche à minimiser le coût. Là ça devient vraiment long, avec le bruit, avec la chaleur, avec le mal de gorge que j’ai découvert ce matin, alimenté par la fenêtre ouverte, puisqu’il n’y a pas de climatisation dans la cabine. On est sur cette route qui n’a plus que deux bandes, où il faut dépasser les camions qui eux aussi sont sortis de l’expressway pour faire des économies. On finit par arriver en ville, je me dis que le calvaire se termine, voilà qu’il arrête dans une station pour recharger le CNG à quatre kilomètres de l’hôtel, plutôt que d’abord nous déposer. Et donc finalement à 18 heures, en ayant quitté a midi quart, nous sommes à destination après 360 kilomètres. Une pièce de finition à l’angle du panneau solaire a été brisée mais je pourrai la recoller.
Cette journée m’a épuisé plus qu’un jour où j’ai fait 150 kilomètres de vélo. Je déteste les jours de transfert. Je rejoins Sam, il m’annonce deux mauvaises nouvelles. La première c’est que la route G312, que nous devons prendre demain, a dorénavant une barrière de péage et serait interdite au vélo. Heureusement on découvrira dans la soirée qu’il y a une alternative, un peu plus longue. Mais la plus mauvaise c’est que son chargeur rapide, sur lequel on a fondé la décision de se passer d’un panneau solaire pour moi, qui est sa seule source d’énergie pour lui, est en défaut.
A l’hôtel nous rejoint un de ses amis, qui a lui aussi un trike Azub, un ancien d’il y a dix ans sans suspension. Et cet ami a décidé de nous inviter pour le repas. On est donc dans un restaurant et j’ai droit à ma première table tournante, achalandée de succulents plats, avant qu’on tente de passer dans un magasin de vélos électriques. C’est plutôt de petites motos électriques. On essaye de trouver un chargeur, mais sans succès. Magasin qui comme tous les autres est ouvert ici de 7h à 23h, Sam me disant que le peuple chinois est le peuple le plus laborieux du monde.
On rentre ensuite à l’hôtel, où le directeur m’invite à entrer mon vélo dans la VIP room, pour qu’il soit en sécurité. J’attends que Sam ait terminé de charger son vélo avec mon chargeur lent, pour le récupérer et aller compléter ma charge. A ce stade, le problème du chargeur n’est pas résolu. Une commande a livrer dans cette province lointaine prendrait au plus vite 3 jours, peut-être 5. On va devoir se débrouiller et s’adapter. Mais ça, c’est le quotidien du voyage.
Photos sur Polarsteps.
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