Quand 62 devient 151 !

6 août.

On sait qu’on part pour une courte étape de 62 km, mais on sait surtout que les radars de pluie nous indiquent qu’on ne devrait pas y échapper, sauf si on se met en route très tôt. C’est donc lever à 6h30, petit déjeuner dès l’ouverture des portes à 7h, puis les sacs sur les vélos, et à 8h pétante, on démarre. Il y a déjà 32 degrés, mais le ciel est couvert. On se lance donc dans un contre-la-montre pour arriver à destination avant qu’il ne commence à pleuvoir.

Comme hier, on traverse surtout des zones urbanisées, mais on découvre qu’en fait, il y a du dénivelé, et qu’on voit apparaître une chaîne de montagnes sur notre droite. On découvre quelques bâtiments anciens, des anciennes portes monumentales d’entrée de ville, et quelques éléments architecturaux d’envergure. Nous sommes sur la route nationale G210, avec de beaux dégagements, qui seront encore plus larges après avoir passé le péage, dont nous sommes bien sûr dispensés, avec le geste et le sourire de la préposée. Sur ce tronçon, nous longeons une centrale nucléaire. Petit à petit, nous approchons d’un site touristique, la Shao Hua Mountain. La route se charge d’autocars verts qui font la liaison pour les touristes. C’est vrai que les montagnes à notre droite sont majestueuses. En vue du site, on pense que la route a été coupée pour des travaux, mais heureusement, il y a une déviation macadamisée. Ce n’est donc pas un des chantiers comme je les ai connus précédemment.

Au kilomètre 48, on va prendre à gauche pour une douzaine de kilomètres qui nous amènent à notre destination. Il est moins de 10 heures. Le ciel est toujours gris, mais il ne pleut pas. Après concertation, on décide de poursuivre une trentaine de kilomètres vers la ville suivante où on peut trouver un hôtel. On est en approche à un peu plus d’11 heures et on découvre sur le bord de la route de nombreux marchands de raisins. Une nouvelle fois après concertation, on décide qu’on poursuit et on pointe une nouvelle destination une vingtaine de kilomètres plus loin. Arrivé à l’endroit, il faut quitter la Nationale pour rejoindre ce site. Non seulement il ne pleut pas, mais le ciel s’est complètement dégagé: il est toit bleu et j’ai maintenant de la recharge solaire. Nous sommes pile au changement de province, nous quittons la province de Shaanxi pour rentrer dans la province de Henan. Nous sommes au kilomètre 95. Lingbao est à 55 kilomètres. Je propose alors à mes compères, étant donné qu’il est midi, qu’on s’arrête pour le lunch, qu’on prenne le temps, 2 heures, qu’on fasse une recharge complète des vélos et qu’on rejoigne Lingbao. Au moment de trouver un restaurant, il devrait rester une petite cinquantaine de kilomètres. David et Zheng sont d’accord avec la proposition, on se remet donc en route. Et voilà que justement à partir de là, la Nationale ne se trouve plus en zone d’activité. On est plutôt dans un cadre forestier, ça monte, ça descend, on a un pont de 3,6 km. À force d’avancer, Zheng a ses batteries vides, il poursuit donc à la force des mollets. Ce n’est finalement qu’à midi 45, au kilomètre 120, que l’on trouve à se restaurer. Le premier restaurant nous refuse un branchement électrique, on va donc dans la petite gargote un peu plus loin. Le temps s’est à nouveau couvert. Pendant que nous sommes en train de déguster un plat de nouilles, la patronne vient nous indiquer qu’il pleut. Comme l’électricité et la pluie ne font pas bon ménage, nous nous précipitons dehors pour mettre au sec le chargeur rapide et tout ce qui a été sorti des sacoches. C’est une solide pluie qui tombe là. On termine notre repas et on constate que la pluie diminue. David a fait sa recharge. Zheng, une recharge lente. On lui met donc quelques minutes le chargeur rapide. Et moi, je me suis contenté d’une recharge lente également. Je pense qu’il me reste un tiers de batterie.

Au moment où on redémarre, le temps a l’air de se remettre au sec. Il reste 32 kilomètres. Après 10 kilomètres, voilà que la pluie reprend, assez drue. Mais heureusement, il y a une station d’autoroute où nous pouvons nous arrêter. On attend que la pluie diminue. On envisage de se remettre en route. Voilà qu’elle reprend de plus belle. On se réinstalle et je sors même le chargeur pour compléter un petit peu le contenu de mes batteries. Puis on se remet en route. Je pars en premier mais immédiatement je vois débouler Zheng qui m’indiquent que David a une crevaison à l’avant. Je fais demi-tour. On répare le vélo de David. On se remet en route. Cette fois-ci, il ne fait plus que pleuviner. Au moment de repartir, j’ai l’impression que j’ai l’arrière de mon vélo qui chasse à gauche ou à droite lorsque je tourne le guidon. Je m’arrête et, ô surprise, mon pneu arrière est à moitié dégonflé. Voilà donc vraisemblablement la première crevaison en 5 ans et 25 000 kilomètres. Comme le temps reste menaçant, je tente un pari, regonfler et surveiller pendant les 22 kilomètres qui restent. Premier arrêt à 20 kilomètres du but. Je regonfle, mais il ne manquait pas grand-chose. On décide de s’arrêter ainsi tous les 5 kilomètres. En 5 kilomètres, mon pneu perd 2 bars sur les 5 qu’il doit contenir. À chaque fois, je regonfle et on repart pour les 5 kilomètres suivants. À nouveau, ces kilomètres sont vallonnés et je constate que ma batterie descend très fort.

Néanmoins, j’atteins l’hôtel sans encombre avec une batterie quasiment vide et un pneu à moitié gonflé. Cet hôtel 4 étoiles sélectionné par David nous reçoit comme des rois et il nous propose d’entreposer les vélos dans une salle VIP. Ils seront là au sec, en sécurité à un endroit où on pourra intervenir pour la réparation.

Au final, cette journée de 62 kilomètres en aura compté 151 en ayant pris un peu la pluie.

Ce qui est sûr, c’est qu’à partir de maintenant on devra composer avec la météo beaucoup plus instable que précédemment. Il faudra donc saisir toute opportunité où il n’y aura pas de pluie et éventuellement se donner « congé » a certains moments pour éviter celle-ci. En tout cas, aujourd’hui on a fait deux journées en une. On a donc un jour d’avance. L’aventure continue.

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Commentaires

Une réponse à “Quand 62 devient 151 !”

  1. Avatar de Brouir

    Super.