Allo, la Russki-Sofico ?

25 mai

Première journée d’un ciel sans aucun nuage, offrant un ensoleillement maximum. Une journée pour une étape de 123 km, que dans les conditions normales, on fait à plus de 25 km heure. Or, la moyenne est à peine supérieure à 20. L’explication ? Pas le dénivelé, puisqu’à chaque côte succède une descente. Peut-être un peu le vent contraire, puisque je suis direction nord-ouest et que j’ai un vent qui vient pile de là. Mais surtout, le revêtement. Si la moitié des kilomètres se font sur un revêtement idéal, le reste se passe sur un revêtement qui va de mauvais à horrible. Mauvais lorsque les camions ont creusé des sillons qui font pencher mon tricycle de gauche et de droite, et qui, lorsqu’il s’agit d’une route adjacente qu’il faut traverser, sont de véritables montagnes russes, c’est le cas de le dire. Très mauvais lorsque, entre les plaques d’asphalte, le joint de dilatation a complètement disparu, laissant un creux de 1 à plusieurs centimètres, faisant de ces routes des routes doum-doum. Archi mauvais lorsque la route est parsemée de nids, de toutes sortes de volatiles allant de la poule jusqu’à l’autruche et même l’iguanodon (mais si, ça volait, un iguanodon). Dans ce cas, pour moi comme pour les voitures, c’est slalom géant. Et puis l’horrible, une route transformée en champ de mines. Les voitures sont à maximum 20 km heure et moi sans doute 10. Il faut aussi aller de gauche à droite, sortir sur le bas-côté, parfois presque s’arrêter. Et parfois les sections bonnes, mauvaises, très mauvaises, archi mauvaises, horribles, se succèdent sur une même route. Et partout on voit bien qu’il n’y a pas eu de réfection depuis très très très longtemps.

Des réfections j’en croise pourtant. Une section est en train d’être réasphaltée un dimanche et, à peine asphaltée, elle est mise en service. Je roule donc sur du macadam frais, encore chaud et j’espère pas trop chaud pour mes pneus. À un moment donné je dois dégager à gauche sur la bande des véhicules venant en sens inverse, tandis que le rouleau est en train de passer sur la bande que je devais emprunter. Puis plus loin, la route a été arrachée et il n’y a que du gravel et des gros cailloux sur 3,6 km dont je me souviendrai. Je me suis demandé toute la journée à quel moment j’allais casser. Et ô miracle je suis arrivé à destination sans bris, sans crevaison, sans rayon cassé. Néanmoins, une fois arrivé à Ufa, il y aura une sérieuse inspection du vélo et de la remorque à faire.

Toutes ces déconvenues étaient entrecoupées de nouveaux moments de grande sympathie avec la population russe, qui reste à ma hauteur et qui filme, qui s’arrête sur le bord de la route et qui souvent me demande d’arrêter. Ça a encore été le festival des photos, des selfies. Une famille d’une extrême simplicité sortie dune Lada d’un autre âge voulait me donner de l’argent. Certes, 100 roubles, 1 euro, mais c’est le geste qui compte. Et comme je refusais, le monsieur a carrément ouvert son portefeuille en me demandant de puiser dedans. Ce que j’ai bien sûr refusé de faire.

Le long de la route, toujours des puits de forage pétrolier. Et puis en vue de l’arrivée, des villages avec des toits multicolores. Ils peuvent être rouges, verts, bleus, bruns, noirs. Cela forme un fameux patchwork.

La petite ville aux formes très géométriques dans laquelle je m’installe n’offre pas beaucoup de possibilités d’hébergement. Mais j’ai réservé le mieux coté. Très simple, mais propre.

Il reste un peu plus de 100 kilomètres pour Oufa. Anton Sazonov m’informe que le maire de la ville veut absolument me rencontrer. Il me remettra un certificat pour lequel il me réclame mon nom, mon prénom et ma date de naissance.

Demain matin, je verrai si je rejoins Oufa en une étape ou en deux…

Photos sur Polarsteps


Commentaires

Une réponse à “Allo, la Russki-Sofico ?”

  1. Avatar de Stéphane Maillard
    Stéphane Maillard

    Toujours aussi sympa de traverser la Russie en vélo 🤩. Merci pour ton résumé journalier. Bonne route jusqu’à Oufa 💪