26 mai
Le petit whisky que je me suis offert pour fêter le titre de l’Union Saint-Gilloise a fait somnifère. Je dors d’une traite jusqu’à 7h30.
Au lever, je constate que c’est grand ciel bleu. Je remplis les sacoches et les place sur le vélo. Les batteries sont chargées à fond sans avoir branché l’électricité. Au moment de partir, je constate sur le panneau solaire une étiquette qui me souhaite la bienvenue à Chekmagush, qui espère me voir un jour à Saint-Pétersbourg, qui me souhaite un bon voyage. Ce sont d’autres logeurs du motel, société de construction de flight case, comme on en a pour le matériel de sono, qui m’a déposé cette étiquette. Je l’enlève bien sûr du panneau solaire, mais je la garde précieusement sur une de mes petites sacoches. Ma logeuse demande un selfie, et après la photo, je démarre. Les routes en ville sont un peu doum-doum, mais très vite, je prends à gauche, et je me trouve sur une belle route. Le revêtement est parfait, il n’y a pas de circulation, le vent n’est pas contraire, et c’est plein soleil. Le pied total. C’est de nouveau un festival de pouces levés, de petits coups de klaxon, puis je décide de m’arrêter pour quelques photos. Je fais un essai avec l’appareil sur pied, en passant devant avec le vélo. Malheureusement, j’ai zoomé trop fort. Puis je sors le drone, et je fais quelques essais. Pendant que je suis arrêté, un camion qui tourne à droite s’arrête, et le monsieur me demande si tout va bien, avant de reprendre sa route.
Je passe devant d’immenses citernes de gaz, et sans arrêt dans les champs, des petites indications indiquent l’emplacement des conduites. Tout d’un coup, surprise, j’avise un cyclo-voyageur en face de moi. Il est garé et regarde son smartphone. Il s’agit de Bulat. Il habite dix kilomètres plus loin, et il va faire les trente kilomètres qui le séparent de Chekmagush, avec une randonneuse musculaire et son tapis pour dormir. Avant de partir, il ouvre ma petite sacoche et y jette 50 roubles, et disparaît avant que j’ai eu le temps de protester.
Cette route est calme, et donc il n’y a pas de station-service pour mon petit café d’onze heures. J’avise dès lors un magasin de village, où j’entre, mais sans succès pour le latte. Par contre, un attroupement se fait très rapidement, et je dois m’enfuir avant que tout le village soit arrivé. Au kilomètre quarante-huit, voilà l’indication pour la M7. Je savais que je la rejoindrais, je pensais que ce serait plus tard. Néanmoins, c’est une deux fois deux bandes avec un dégagement très large. Je peux y filer à bonne allure. À un moment donné, j’avise à droite un motel, et qui dit motel dit aussi restaurant. Je m’arrête donc, et je prends mon repas de midi, avant de faire une petite sieste dans le siège du vélo. Je me remets en route, et à 21 kilomètres d’Ufa, j’envoie un message à Anton Sazonov pour lui indiquer où je suis. Je suis un peu inquiet de sa réponse, parce qu’hier, je lui ai demandé de me conseiller pour un hôtel, et il m’envoie une localisation d’un hôtel en centre-ville, dont il me donne le nom. Je crains que celui-ci soit hors de mon budget. Je continue à avancer, et je découvre les faubourgs de ce qui semble être vraiment une grande ville, avec, comme chaque fois, des usines se mélangeant aux logements. Il reste encore près de 15 kilomètres au moment où on voit la plaque Ufa. Une voix féminine m’appelle sur le téléphone d’Anton. Il y a tellement de bruit que je n’entends rien.Je continue donc ma route jusque l’hôtel. En fait, ils proposaient de venir me rejoindre et de m’escorter. Je n’en ai pas eu besoin. Le standing de l’hôtel me confirme que ça va être hors de mon budget, surtout que je dois rester sept nuits à Ufa. Je fais enfin la connaissance d’Anton et de sa collègue. Elle m’explique que je dois payer la première nuit, mais que les nuits suivantes seront payées par la municipalité d’Ufa. Je suis surpris. On rentre, on fait les formalités. Effectivement, le prix de la chambre est le double de mon budget journalier, mais comme il n’y en a qu’une à payer, ça ira tout à fait. On se rend au parking à l’arrière, et au moment de prendre les sacoches pour se rendre à l’hôtel, Anton, qui est au téléphone depuis quelques minutes, me dit qu’il y a un changement de programme. On doit changer d’hôtel. On doit aller à l’hôtel Azimut qui est à 8 km d’ici. Retour à la réception pour rendre les cartes, être remboursé, recharger les sacoches, et on se met en route, cette fois avec la camionnette de Vélorussia comme escorte. Je me dis, bien sûr, ça va être un hôtel plus petit budget. La collectivité doit le prendre en charge, ce que je comprendrais tout à fait. À l’arrivée, surprise, ce n’est plus un 3 mais un 4 étoiles, et devant se trouvent 3 personnes de la ville d’Ufa. On fait connaissance, on fait quelques photos, puis on se rend à la réception. Et là, à ma grande surprise, on m’annonce que je suis l’invité de la ville. Pour sept nuits en pension complète. Je m’étonne, mais la collègue d’Anton me fait un geste pour m’inviter a me laisser faire. J’apprends que Ufa est une ville d’un million d’habitants, que l’événement pour lequel on m’a demandé de rester jusqu’au 1er juin va réunir 20 000 cyclistes, et que d’ici là, il y aura d’autres prestations, et dès demain, l’ouverture des enregistrements des inscriptions auxquelles je vais participer.
Je suis donc reçu comme un prince, étant vraisemblablement le seul étranger présent pour l’événement à côté des étrangers résidents à Ufa à l’année. Tout le monde s’en va en me souhaitant de bien me reposer aujourd’hui. On conduit le vélo au parking, et là, j’ai un bruit bizarre au frein gauche, celui que je n’ai pas entretenu en changeant les plaquettes. Il faudra le faire demain matin, avant de partir en ville.
Voilà qui clôture une journée pleine de surprises.
Photos sur Polarsteps
Commentaires
4 réponses à “Accueil royal à Ufa !”
Bonsoir Claude,
Ce voyage et son récit sont de l’ordre de l’épopée !
Je vous avait croisé à tour & taxis et observé le tricycle.
Je me demandais alors si l’installation d’une « laisse » entre la remorque et le tricycle pour éviter la séparation en cas de rupture du timon ne serait pas de luxe…
En tout cas , bon amusement là bas !
Bonjour
Il y a bien une « laisse », mais allant du bout du timon au cadre… Mais quand ça casse plus loin…
C’est un des éléments que je vais tenter d’améliorer lors de mon arrêt à Ufa.
Bav
Клод, вы потрясающий человек! Подаёте пример для других велотуристов, для целой России и других стран-спасибо вам за это!
Добро пожаловать в велосипедную столицу России, красавицу Уфу! И мы рады приветствовать вас на нашем фестивале – велопараде по центральным улицам города!
Пусть ваше пребывание украсят интересные события, приятные знакомства и дружелюбное отношение!
🚲🌸☀️
Traduction : Claude, tu es une personne incroyable ! Vous donnez l’exemple aux autres cyclistes, à toute la Russie et aux autres pays – merci pour cela !
Bienvenue dans la capitale du cyclisme de Russie, la belle Oufa ! Et nous sommes heureux de vous accueillir à notre festival – un défilé de vélos dans les rues centrales de la ville !
Que votre séjour soit enrichi d’événements intéressants, de connaissances agréables et d’une attitude amicale !