5 juin
Hier j’ai bénéficié de l’aide de 4 garçons qui jouaient sur la plaine de jeux pour monter toutes mes affaires au 4ème sans ascenseur. Ce matin ils sont à l’école, dès lors je m’organise pour tout descendre en deux voyages. Mon hôte d’hier soir est là et assiste à l’installation des sacoches, tout le cérémonial de préparation, vérification de la pression des pneus, vérification des connexions, démarrage de la balise, etc. Il est un peu plus de 8h30 lorsque je le salue. Très vite je trouve une station service où je m’arrête pour mon petit déjeuner. Et puis je m’élance, je sors de la ville et vers 9h je m’engage sur la nationale.
J’entame une conversation avec M. Zen en lui disant que je me demande si nous n’avons pas exagéré en prévoyant une journée à 150 km avec passage de frontière dont un retour en Russie. Il me dit qu’il n’a rien à voir avec ça, que c’est ma décision et qu’à 62 balais je devrais savoir où sont mes limites. Prends ça tiens.
Au début il y a un peu de nuages et la route n’est pas aussi bonne qu’hier. L’asphalte étant coupée par des stries transversales tous les 20 ou 30 m. Néanmoins, bonne nouvelle, le vent vient de côté mais aujourd’hui il est un peu portant. Assez vite je me rends compte que j’ai une voiture de police qui me suit jusqu’au moment où elle allume ses gyrophares et m’intime l’ordre de m’arrêter. Le passager vient me trouver, me pose les questions habituelles d’où venez-vous, où allez-vous, prend connaissance de mon trip. Et finalement me recommande la prudence, me demande si je n’ai besoin de rien, m’indique qu’en cas de difficulté je dois appeler le 112. Je redémarre, la voiture de police reste sur le bord de la route.
Un peu plus loin c’est de nouveau 2 4×4 qui me dépassent, qui se garent et qui me demandent d’arrêter. C’est reparti pour un tour de photos, d’explications et de selfies.
Toujours le même décor de la plaine de Sibérie, plat devant, plat derrière, plat à gauche, plat à droite. Un peu de bosquet, un peu de marais, des champs et ce sera ainsi quasiment toute la journée. Au kilomètre 20 voilà les insectes qui rappliquent comme hier. Heureusement je me suis appliqué un triple tartinage avant de démarrer. Un coup de Voltaren, un coup de protection solaire parce qu’on annonce beaucoup d’UV aujourd’hui. Et un coup de répulsif pour insectes. Cela semble faire effet malgré qu’ils soient extrêmement nombreux. Un moment donné je pense même construire un piège pour le mettre sur la remorque. Et je décide que mon arrêt au quart du trajet vers le kilomètre 40, je le ferai là où il y a une bouteille en plastique qui a été jetée négligemment par la vitre d’une voiture. Je m’arrête, mais avant de prendre la bouteille je me retartine de répulsif anti-insectes. Je me restaure, je bois, mais je ne traîne pas.
La route est devenue meilleure. Le vent est bon et j’avance bien, la moyenne augmente. Deuxième arrêt au kilomètre 85. Là je le fais un peu plus long parce que je suis sous quelques nuages et je vois dans mes rétros qu’il fait tout bleu. Un quart d’heure d’arrêt et tous ces nuages auront été chassés par le vent, c’est effectivement ce qui se passe. Je poursuis ma route dans des conditions idéales, sachant qu’en plus il y a très peu de circulation. Je sais qu’au kilomètre 124 ce sera la frontière. Alors que jusqu’à mon deuxième arrêt, je n’ai pas vu âme qui vive, pas une maison, pas un village, voilà que deux kilomètres après mon deuxième arrêt, un carrefour indique deux directions vers des villages. Et à ce carrefour, il y a tout d’un coup trois stations essence et deux cafés. Comme s’ils ne savaient pas les répartir sur le trajet. Je complète mon repas et je m’offre un latte. Je redémarre. À un moment donné, je me croirais presque en Camargue. Des chevaux sont en liberté avec à côté d’eux deux gardians. Je continue, quelques petites perturbations intestines me poussent à un squat avant la frontière que je rejoins à 15h38 précises. Je sais que sortir du Kazakhstan ne sera qu’une formalité. Effectivement, cela va vite. D’autant qu’il n’y a pratiquement pas de file au contrôle des passeports. Que le contrôle des bagages se résume à faire tourner le chien antidrogue autour du vélo. Je fais les deux kilomètres qui me séparent de la frontière russe. Et je croise les doigts pour que ça aille plus vite qu’à la première entrée. Le contrôle du passeport se fait par un béret bleu, comme chaque fois. Mais évidemment, mon cas demande à être analysé par un gradé. Il est donc transféré à un képi vert. Je suis convoqué dans un bureau. On me pose trois questions. On tamponne le passeport. On me donne le document d’entrée. On néglige totalement le contrôle des bagages. Et on m’indique que je peux sortir en me souhaitant une bonne suite de voyage. Il est 16h22. Il m’aura fallu 44 minutes pour passer les deux douanes. J’en suis un peu groggy.
Ne sachant pas combien de temps ça allait durer, je n’ai pas réservé de logement. Donc dès que je sors de la douane russe, j’avise un bureau d’assurance. Et je vais demander à la gérante si elle sait s’il y a des motels sur la route vers Omsk. Mais elle me confirme l’information comme quoi elle ne voit pas. Je lui montre alors les coordonnées d’une auberge que j’ai repérée. A Issilkoul. Je lui demande si elle veut bien appeler pour réserver pour moi. Ce qu’elle fait très gentiment. Je me mets en route pour les 25 derniers kilomètres. J’avise une station essence à l’endroit où il faut tourner à droite pour aller vers la ville qui doit m’héberger. Qui est 5 kilomètres plus loin. Un nouveau latté. Une glace de contentement. Je repose la question des motels pour recevoir la même réponse. Je me mets donc en route vers l’auberge réservée. J’ai aujourd’hui 151 kilomètres au compteur. Ma plus longue étape. A une moyenne supérieure à 26km/h, en arrivant batteries bien garnies ! Néanmoins, quelque chose cloche dans les heures. J’ai loupé le moment, mais j’ai sauté un nouveau fuseau horaire: je suis maintenant à +4 par rapport a Bruxelles !
Il doit rester moins de 140 pour demain. Je peux donc prévenir Alexeï Stepanenko qui m’attend à Omsk que je devrais arriver demain. S’il n’y a pas de problème, bien sûr, on ira un mètre à la fois.
Photos sur Polarsteps
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